B) Veille stratégique : écoute anticipative de l’environnement

‘’La veille stratégique est le processus informationnel par lequel l’entreprise se met à l’écoute anticipative des signaux faibles de son environnement socioéconomique dans le but créatif de découvrir des opportunités et de réduire son incertitude’. [LESC98]’

On appelle généralement veille stratégique l’ensemble des techniques visant à organiser de façon systématique la collecte, l’analyse, la diffusion et l’exploitation des informations stratégiques utiles à la sauvegarde et à la croissance des entreprises. Il s’agira donc de ’‘détecter des indices9 d’évolution et pressentir, par recoupement, ce à quoi on peut s’attendre dans tel ou tel secteur précis’’ [JAKO92]. Cette activité englobe entre autres le fait ’‘d’être en permanence à l’affût de toute nouvelle possibilité de sources et de réseaux d’information et savoir mettre en forme cette information spécifiquement en fonction des besoins de chacun de ses destinataires’’ [RAGO93].

Son objectif n’est donc pas seulement de fournir des réponses à des questions mais aussi d’apporter tous les éléments qui permettront d’alimenter une prise de décision.

Historiquement, l’activité de veille stratégique a souvent été rattachée aux centres de documentation des entreprises, certainement parce que les deux activités étaient liées par la recherche d’informations. Longtemps on a cru pouvoir se contenter d’un état de l’art, donc d’une accumulation de données permettant de se positionner par rapport à son environnement concurrentiel ou technologique. ’‘Au départ, la méthodologie d’accès à un type particulier d’information a surtout été sectorielle, ne quittant pas le service d’information documentaire qui répondait en tant que de besoin à des demandes externes : normes, recherche de brevets, etc.’’ [DOU92].

Lorsque la vocation des centres de documentation a évolué vers la veille, il y a eu nécessairement redéfinition des fonctions, et les nouvelles technologies ont permis aux documentalistes de donner à l’information une véritable valeur ajoutée [NORD00].

Dans d’autres entreprises ou organismes, c’est le service de communication qui s’est chargé de créer des groupes de travail en collaboration avec des professionnels de l’information et des experts du domaine analysé, mais aussi avec l’aval de la direction des programmes [SLIM99].

Mais puisque l’activité de veille est constituée d’un ensemble de flux d’informations, il est logique d’y associer les acteurs ainsi que les réseaux auxquels ils appartiennent. C’est pourquoi la tendance actuelle est de détacher l’activité de veille des services documentaires, sur lesquels elle ne repose finalement qu’en partie.

Qui dit veille stratégique dit processus. La plupart des spécialistes reconnaissent qu’il est constitué d’au moins trois étapes : la collecte, le traitement et la diffusion de l’information [JAKO88]. Certains l’élargissent en y incluant par exemple l’expression des besoins, la mise en forme et la mémorisation de l’information10. Nous verrons dans le deuxième chapitre que ce processus informationnel doit être complété par une vision plus humaine.

Notes
9.

Ou selon d’autres auteurs, ’signaux faibles’. Voir annexe 2.

10.

Le professeur Lesca propose un processus composé des phases de ciblage, traque/collecte, sélection, remontée, stockage, synthèse, diffusion/mise en accès pour l’action (l’aide à la décision) [LESC97b (voir annexe 6).