c) Spécificités de la veille technologique

On a longtemps utilisé le terme ’veille technologique’ de façon générique pour désigner une activité qui relevait plus de l’intelligence économique. Or il s’agit d’un aspect particulier de la veille qui concerne surtout le monde scientifique et technique, la recherche fondamentale et appliquée : dans une entreprise, ce seront les directions techniques (les concepteurs, réalisateurs d’installations industrielles...) et bien sûr l’activité de R&D. Elle implique un aspect concurrentiel, non pas au niveau marketing, mais des savoir-faire, et aussi dans le but de déjouer les leurres que les concurrents peuvent mettre en place pour ’‘égarer les curieux et les manipuler’’ [ARON97]. Centrée en particulier sur tous les brevets déposés dans le monde, elle donne la possibilité de mieux cerner les efforts et stratégies de recherche de la concurrence dans une technologie particulière.

‘’La veille technologique représente un outil privilégié d’aide à la décision en matière de stratégie de R&D : elle accroît le degré de détermination de la fonction R&D de l’entreprise. En contribuant à l’étude des différents vecteurs de coopération explicite entre firmes, elle contribue ainsi à la vision que l’entreprise a de son métier, de ses racines technologiques et de ses sources d’avantage concurrentiel’ [PENA95].’

La veille technologique permet donc à l’entreprise industrielle ou à un centre de R&D d’être beaucoup plus précis sur ses prises de décision, sur ses axes de développement. Elle a une fonction de positionnement par rapport à l’environnement technico-concurrentiel : qui fait et fera quoi (repérer les nouveautés : produits, technologies, alliances, développements en cours), quels sont les atouts actuels de l’entreprise dans ce contexte. Des réponses à ces questions seront déduites les actions nécessaires pour placer l’entreprise au mieux dans le contexte prévisionnel.

La veille technologique ne s’improvise donc pas mais nécessite un dispositif spécial, c’est-à-dire des méthodes et moyens appropriés, ainsi que des personnes formées dans ce but. Ce n’est pas l’affaire d’un seul individu, mais d’un réseau de personnes qui vont contribuer au processus. Pour cet aspect de l’intelligence économique, les personnes impliquées dans le processus de veille doivent être des spécialistes du domaine dont ils peuvent tirer des informations stratégiques, et bien connaître cet environnement.

D’autres aspects de la veille stratégique existent : veille marketing, sociétale, concurrentielle, etc. Toutefois ces différents types de veille sont complémentaires et doivent être menés de front : l’analyse des différentes informations sera plus performante si les données commerciales, techniques et scientifiques par exemple sont recoupées.

Un centre de R&D axera donc sa veille sur l’aspect technologique (même s’il a ponctuellement besoin d’informations à caractère plus concurrentiel ou économique), car il est plus à même que le reste de l’entreprise d’analyser les technologies émergentes.

On parlera d’intelligence technique lorsque les différentes activités de veille sont coordonnées pour l’aide à la décision stratégique de la R&D.