1. Evolutions actuelles et tendances

Pour de nombreux centres de recherche, même publics, l’évolution du contexte économique influe sur l’organisation et les objectifs. L’appellation ’recherche et développement’ recouvre en fait de plus en plus souvent des aspects d’innovation à court ou moyen terme, et de création de valeur à moyen et long terme. L’évolution de certains secteurs d’activité segmente les entreprises de façon plus pointue, rendant parfois concurrents les laboratoires d’un même centre ; un second impact est la réduction sensible des coûts de recherche fondamentale au profit des activités de développement à plus court terme, ce qui signifie également un partenariat accru avec les entreprises avec lesquelles se font les transferts industriels. La synergie entre recherche fondamentale et recherche appliquée (développement) souligne l’importance de la coopération des réseaux scientifiques et économiques [CALL95 ; MOIN99].

En fait nous sommes passés de la 3ème à la 4ème ’génération R&D’ [MILL99]. Dans la 3ème génération, l’innovation était continue, basée sur les besoins du marché et les possibilités de production, en continuité avec les produits et services existants. Quant à la 4ème génération, elle réalise la convergence entre la connaissance sur les nouveaux marchés et la connaissance sur les nouvelles technologies. Les utilisateurs et les partenaires font alors partie intégrante du processus d’innovation, qui devient discontinu.

La notion de benchmarking14 est également importante pour les centres de R&D, dans le cadre d’une recherche constante des meilleures pratiques qui peuvent mener à de meilleures performances [MILL99]. Les critères mesurés se situent plutôt au niveau des compétences et des caractéristiques du personnel des centres de R&D, c’est-à-dire du potentiel d’innovation, ce qui apporte un élément supplémentaire à l’intérêt de la convergence veille / gestion des connaissances [EIRM99].

Ces obligations à la fois de rapidité et de qualité expliquent l’intérêt de la veille technologique. De plus, le transfert de la science vers la technologie se fait surtout via des savoir-faire tacites, et non par des informations explicites. D’où l’intérêt des réseaux informels de chercheurs. L’intégration de la connaissance d’un niveau à l’autre prend alors tout son sens. Cependant, la notion de partage de l’information, caractéristique propre au monde scientifique, est à mettre en parallèle avec les nécessités de confidentialité de la R&D dans les industries et les grandes entreprises. Ceci met parfois les chercheurs et ingénieurs en porte-à-faux, entre ce qui est communicable ou pas.

Notes
14.

Positionnement, comparaison des activités par rapport à la concurrence.