e) Veilleurs

Notre objectif n’est pas de décrire le métier de veilleur au sens de la norme sur la prestation de veille, mais de définir, dans le cadre d’un processus d’intelligence technique en centre de R&D, leur fonction et leur participation au réseau.

Les veilleurs sont, dans ce contexte précis, des spécialistes qui recherchent, collectent et traitent l’information technologique pour des besoins explicites de leur laboratoire, et pour la faire remonter le cas échéant des signaux d’avertissement au réseau d’intelligence technique. Ils ont besoin de sources et d’outils spécifiques, et s’appuient pour cela à la fois sur leur expérience du domaine et sur l’aide de l’équipe d’animation citée plus haut.

Capteur ou traqueur ?

Dans le cas de la R&D, nous avons vu que les acteurs sont des spécialistes du domaine de recherche, des ingénieurs, des chercheurs, des techniciens. Ils sont donc en contact permanent avec un environnement plus ou moins proche, formel ou informel, qui les renseigne sur les évolutions en cours ou à venir. Ils ne vont pas forcément au devant de l’information, c’est pour cela que nous préférons employer le terme de ’capteurs’, tant pour les correspondants et les experts que pour certains veilleurs.

Mais il est certain que la plupart des veilleurs ’de métier’ sont des traqueurs, qui ont une démarche active. Ils utilisent pour ce faire tous les outils de recherche, de surveillance et de collecte d’information.

Certains traqueurs peuvent donc aussi être des ’mécanismes’ de collecte automatique. Nous réfléchirons plus loin à la façon dont on pourrait homogénéiser le travail de ces deux types de traqueurs, humains et informatiques.

Mais toute personne est potentiellement capteur d’information à caractère stratégique [LESC97]. Il importe donc de sensibiliser chacun à cette tâche, essentiellement en mettant l’accent sur le partage des informations, partage qui se fera d’autant plus facilement qu’un réseau humain a été mis en place. Ceci est très important en particulier pour ceux qui ont de fréquents contacts avec l’environnement externe via des visites de partenaires, concurrents, fournisseurs, clients, salons et conférences, etc. Tous les pairs qu’ils pourront côtoyer sont des sources d’information en puissance. On parlera de ’capteurs itinérants’ (qui ramènent surtout des informations orales et informelles), complémentaires des ’capteurs sédentaires’ (qui ont plus de facilité pour formaliser l’information écrite).

On peut également distinguer deux types de veilleurs et d’experts : les analytiques (cartésiens, ils privilégient le quantitatif) et les cognitifs (intuitifs, travaillent avec le qualitatif). Il va sans dire qu’ils sont complémentaires dans un réseau d’intelligence stratégique. Et plus les analystes seront intuitifs, mieux ce sera pour un processus d’induction, c’est-à-dire de génération d’hypothèses. Outre les compétences techniques, le profil idéal du veilleur comprend un esprit curieux, un bon esprit de synthèse et de communication [DIZ99].