4. Mettre en perspective information et connaissance

En regard de cette étude panoramique, quelle méthodologie avons-nous retenue pour notre problématique ?

Notre objectif étant de mettre l’information externe en perspective avec l’information et les connaissances internes, nous avons choisi de faire converger réseaux humains et réseaux technico-documentaires, informels et formels, en permettant aux veilleurs et experts de commenter tout de suite l’information quand elle ’entre’ à l’intérieur de l’entreprise, pour qu’elle soit qualifiée et le cas échéant expliquée et redirigée, ou à l’inverse infirmée.

Le processus que nous avons décrit fait appel à plusieurs types d’acteurs qui vont intervenir à différents moments du traitement de l’information. Il est donc illusoire de vouloir imposer un système complet de bout en bout, qui pourrait en un clic aider les intervenants à effectuer leurs tâches. Il est plus raisonnable d’envisager de mettre en relation des fonctionnalités utilisées par des catégories d’acteurs pour des phases spécifiques, et d’essayer d’homogénéiser le tout pour un processus plus transparent.

Les résultats de notre enquête (annexe 8) démontrent que les correspondants ont essentiellement besoin de communiquer, de débattre. L’idéal pour eux est la messagerie, avec une liste de discussion fermée qui leur permettra d’envoyer des informations nouvelles, de les commenter, et donc d’archiver ces échanges.

Quant aux veilleurs, ils ont un besoin concret d’outils de recherche, collecte et rediffusion d’informations. C’est en particulier à eux que s’adresse notre travail. Nous leur proposons un outil de veille informative pour surveiller l’environnement externe dans un objectif qui serait plutôt de l’ordre veille/alerte à court et moyen terme. La veille qui se fait au sein des directions de recherche, avant de remonter pour être fédérée, s’adresse en priorité aux cadres techniques (ingénieurs et chercheurs dans des groupes de projets par exemple) et aux décideurs intermédiaires.

Ce type de veille nécessite une collecte tous azimuts de l’information, elle ne s’embarrasse pas d’une distinction documentaire des types de sources mais a plutôt besoin d’une bonne méthode de navigation dans l’hyper-espace que constitue l’internet et l’intranet via un portail [MICH98]. Puisque chacun est au contact d’une information qui concerne généralement directement son activité, il semble important, dans le cadre de la veille informative, d’élargir ses champs d’exploration en diversifiant ses sources d’information. C’est le problème de la spécialisation poussée : arrivé à un certain niveau, le chercheur se trouve isolé dans son domaine. Il faut l’aider à compléter sa vision technique et pointue par une vision plus globale des problèmes, qui intègre l’ensemble des données environnementales. ’‘Ce que l’expert apporte sera à compléter par une vision plus globale des problèmes, c’est-à-dire une vision qui intègre l’ensemble des données sur l’environnement, et en particulier la concurrence’’ [ACHA98].

D’où l’importance de faire ’croiser les réseaux’, c’est-à-dire toutes les sources ou supports d’information : documentaires (parce que le savoir théorique est souvent publié) et humains (experts, spécialistes).

Si les correspondants du réseau de veille stratégique utilisent un moyen confidentiel pour travailler (de type liste de discussion fermée), il faut offrir un autre support d’accès libre pour tous ceux qui veulent partager et débattre sur des informations d’actualité.

Nous essayons donc d’aider des non-professionnels à accéder facilement à l’information utile, si possible sans avoir à faire une démarche documentaire de recherche d’information. En effet, nous avons vu que généralement les personnes auxquelles on s’adresse n’ont ni le temps ni la formation pour manipuler les moteurs documentaires et autres langages booléens, ni pour naviguer efficacement sur internet.

On note fréquemment des différences de fonctionnement chez les veilleurs. Pour éviter les problèmes, il faut arriver à mettre en place un système souple mais conduisant à des actions ’homogènes’ qui facilitera le traitement et la diffusion de ces informations. Pour cela, il sera bien de guider les veilleurs dans leur tâche, notamment au niveau du support technique par un conseil au niveau de l’utilisation de certains outils, pour l’étape de la collecte d’informations notamment, mais aussi la remontée. Ceci évitera une perte de temps pour chacun ainsi que les disparités dans le travail effectué. Attention toutefois à ne pas noyer les veilleurs dans un système trop complexe, avec des outils trop compliqués et une démarche trop stéréotypée.