b) Tendances

Un premier constat est évident : alors qu’il y a quelques années, les outils utilisés pour la veille étaient empruntés au domaine de la documentation (moteurs documentaires, interrogation de bases de données, outils statistiques, etc.), l’offre spécifique à cette activité augmente. Il existe désormais des outils propres à telle ou telle phase (notamment pour la collecte intelligente d’information et pour son traitement), et d’autres plus généraux et utilisés comme support pour l’activité.

Les solutions visant la capitalisation et la diffusion d’informations se développent car ’‘l’objectif des nouvelles technologies ne consiste plus à traiter les données mais plutôt à faciliter la communication, l’échange et la coopération entre individus’’ [DIZ99]. En conséquence, l’évolution des outils et même de l’activité de veille est étroitement liée à la révolution apportée par l’Internet dans le traitement et la diffusion de l’information.

Dans la lignée des développements effectués ces dernières années, la recherche sur les outils de veille se poursuit dans de nombreux laboratoires, français et étrangers. L’axe privilégié est celui de la facilitation et simplification de l’accès aux informations, par un travail portant notamment sur [SESA00]40 :

  • les technologies de recherche et d’indexation;

  • la recherche multilingue et interlingue ;

  • les techniques d’apprentissage automatique ;

  • la catégorisation des résultats ;

  • le filtrage ;

  • la visualisation ;

  • la recherche multimédia

  • l’extraction d’informations

  • la gestion dynamique des flux d’informations

  • les résumés automatiques

Parallèlement aux techniques, on peut noter l’évolution de la demande et des usages, qui tend vers des fonctionnalités certes toujours plus précises, mais qui veut pouvoir adapter à sa spécificité les produits qu’on lui propose. D’où un besoin d’outils plus souples, plus modulables, et simples d’utilisation (non réservés à des professionnels de l’information voire de l’informatique...), et bien sûr personnalisables.

La tendance est trop souvent, hélas, à vouloir faire porter aux outils le rôle central dans un processus de veille ou d’intelligence technique. On a cru que l’on pouvait trouver le logiciel miracle qui pouvait collecter de l’information, la reformater, l’exploiter, la présenter et la diffuser de façon à en extraire une stratégie. Or cette utopie coûte cher. Les soi-disant systèmes sensés effectuer toutes ces étapes ne sont performants que dans des contextes bien particuliers, et il ne faut jamais les utiliser sans l’aide d’experts du domaine qui seuls peuvent les paramétrer et tirer des conclusions à partir des résultats.

L’attention est souvent portée sur les outils de collecte, sur Internet notamment, mais on oublie que l’objectif n’est pas nécessairement d’engranger une grande masse d’information. Il est peut-être plus utile de prendre le temps de sélectionner quelques sources vraiment pertinentes et de les compléter par les remontées d’informations terrain.

Pour ce qui est de la partie traitement, les outils à forte connotation scientifique ont longtemps fait l’actualité, notamment la bibliométrie [WERN98b] et le datamining (plus appliqué aux données numériques). En fait certains domaines les emploient plus que d’autre, c’est le cas des industries possédant des centres de recherche. Les outils d’analyse syntaxique sur des données textuelles non structurées (textmining) ont tendance à prendre de plus en plus d’importance pour retrouver et classer l’information, et aussi, c’est intéressant, pour la rediffuser de façon personnalisée et intelligente. Cependant ces outils ne sont pas simples pour un non initié, et demandent des paramétrages fins pour donner des résultats pertinents (notamment au niveau des lexiques, dictionnaires et autres thésaurus utilisés) [SPAA01].

Une autre tendance actuelle est le développement des techniques ’push’ pour la diffusion sélective des informations (voir explications plus loin). Il s’agit par exemple de s’abonner à des fournisseurs d’information en ligne, souvent gratuits, qui proposent des revues de presse ou des envois personnalisés. Mais ’le risque est que les outils ’push’ inondent, voire submergent rapidement le poste de travail de l’utilisateur’ [POLA99], en particulier sa messagerie. Même le veilleur ne peut assumer de se retrouver submergé d’une masse non contrôlée d’informations.

Notes
40.

On trouvera dans cette étude des références sur des travaux de recherche spécifiques, notamment pp. 26-31, 37-43, 45-46.