En 1995, nous avons effectué une enquête auprès d’un panel de 16 chercheurs du CNET Grenoble, répartis dans les différentes directions de recherche que comptaient alors le centre.
Le questionnaire comportait :
des questions générales et ouvertes, sur l’évolution de leur travail, et surtout sur l’importance accordée à l’information scientifique et technique dans leur carrière, mais aussi sur leurs pratiques informelles de documentation ;
des questions plus précises portant sur leur utilisation de la bibliothèque technique, donc sur les usages.
Des réponses recueillies, nous pouvons retenir les points suivants :
de façon générale, quel que soit leur âge, les chercheurs ont été très peu sensibilisés à la recherche documentaire durant leurs études.
l’information scientifique et technique est jugée par tous très importante pour le travail du chercheur, parce qu’il est nécessaire de savoir ce que font et où en sont les autres centres de recherche (même si ce n’est pas forcément par esprit de concurrence), et parce que cela permet de progresser plus vite.
Le temps passé à la recherche documentaire est vraiment très variable d’une personne à l’autre (1 heure par mois pour certains, 5 jours pour d’autres), cela dépend du stade de leur recherche. Mais une bonne partie exprime son regret de ne pas pouvoir y consacrer plus de temps (remarque intéressante : ’‘Il est difficile d’être à la fois opérationnel et chercheur, c’est-à-dire productif et penseur’’...).
Les documents les plus consultés étaient les périodiques et les comptes rendus de conférences72. Cela correspond au besoin d’avoir une information d’actualité, claire, ciblée et lue rapidement.
La recherche d’information avec les outils mis à leur disposition n’est pas évidente pour tout le monde. Beaucoup souhaitait à l’époque pouvoir l’effectuer directement depuis leur poste de travail, de façon autonome73.
Les chercheurs ont recours à des pratiques informelles de recherche d’information, auprès de leurs réseaux personnels (internes et externes). Ils estiment que certaines informations stratégiques ne sont pas publiées (ou après un certain temps) et sont donc accessibles plus rapidement par ce biais.
Enfin nous retiendrons une remarque particulièrement intéressante pour notre projet : ’Il faudrait que la direction incite plus les chercheurs à suivre l’actualité scientifique’, sous-entendu plus largement que leur domaine de recherche.
Il faut noter qu’en 1995, date de l’enquête, Internet n’était pas encore déployé dans le centre de recherche. C’est surtout la documentation papier qui faisait référence.
A cette date l’accès aux bases de données et au catalogue des ouvrages du centre s’effectuait à la bibliothèque exclusivement. Aujourd’hui cela est possible via l’intranet.