2.2 Le système bancaire marocain, moyen de financement de l’Etat et des grandes entreprises

Les banques marocaines ont une large prédominance de capitaux privés (75,9%), où la part des intérêts étrangers est importante avec 29,4% du capital bancaire total (tableau 4). Les banques étrangères jouent un rôle important, avec des prises de participation, en particulier la BNP (50% de la BMCI) et la Société Générale (participations dans la SGMB) mais aussi par la présence de quatre banques étrangères (Citibank, Arab Bank Maroc, ABN, Amro Bank).

L’intervention de l’Etat dans le secteur bancaire a été constituée à partir des années 60, avec en particulier la mise en place des institutions financières spécialisées. Les banques spécialisées ont été créées pour financer le développement des exportations (BMCE, privatisée en 1996), l’industrie (BNDE), le tourisme et le logement (CIH) et l’agriculture (CNCA). Aujourd’hui, la part de l’Etat est d’environ le quart du capital du système bancaire (tableau 4). L’importance de l’Etat est sensible au niveau de la part que les banques de dépôts lui accordent (figure 2): entre 30 et 50% sur la période 1980 à 1996. L’analyse de l’évolution d’éléments de l’actif du bilan consolidé des banques permet toutefois de voir l’importance croissante du secteur privé à partir de 1990 (figure 2). Mais, il est important de remarquer que ce niveau est en fait celui qui existait déjà au début des années 80.

Tableau 4. Structure du capital bancaire (% du capital)
Type de banques 1997
Publiques 24.1
Privées 75.9
(domestiques) (46.5)
(étrangères) (29.4)
Toutes les banques 100.0
[Note: Source : IMF, 1998a]

Pour la Banque Mondiale (1994), ’la façon dont les emprunts du Trésor freinent la croissance d’un secteur financier solide et compétitif est peut-être plus important encore pour le développement à long terme du secteur privé’ (page 61). Au Maroc, le Trésor ne paie pas les taux d’intérêt du marché pour une part importante des fonds empruntés (plancher d’effets publics). D’autre part, la défiscalisation pour les particuliers de la détention de bons permet d’avoir des rendements bien supérieurs aux taux sur les dépôts bancaires.

A côté d’un effet d’éviction traditionnellement avancé pour montrer les effets négatifs de ce type de financement de l’Etat, ce qui nous paraît être important quant à la relation banque entreprise, est l’aspect désincitatif. En effet, les banques peuvent acquérir sans risque des bons du Trésor qui sont bien rémunérés, cela ne les incite donc pas à se risquer dans des activités de crédits aux entreprises. C’est ainsi, que lorsqu’il s’agit de faire du crédit, elles se dirigeront plutôt vers du crédit de court terme.

Pour la Banque mondiale (World Bank, 1998), une des raisons pour lesquelles les banques formelles pensent que prêter au secteur privé n’est pas profitable, provient certainement d’un manque d’expérience en management de projets. En effet, évaluer la richesse et le risque d’un projet d’investissement requiert des compétences différentes de celles nécessaires pour gérer un portefeuille de Bons du Trésor.

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Figure 2. Eléments de l’actif des banques de dépôts
[Note: Calculé à partir des Statistiques Financières Internationales (FMI) lignes 20, 21, 22A, 22D et 22F ]

Comme l’indiquent Shipton, Voget et Wellons (1995), il faut bien distinguer la promulgation des lois et autres textes réglementaires de leur application. La situation du Maroc montre bien l’importance de cette remarque.