Section 4 Efficience productive, allocative et informationnelle des intermédiaires financiers au Maroc

L’exploitation de la base de données présentée dans la section précédente permet de rechercher les effets de la libéralisation financière, au travers d’une analyse plus fine que ce qui a pu être fait dans les études sur données macro-économiques évoquées plus haut.

Le lien entre libéralisation et croissance économique dans le cadre d’un modèle classique se fonde en particulier sur les hypothèses d’une dynamisation de la concurrence entre intermédiaires financiers, l’absence de distorsions entraînées par l’intervention des pouvoirs publics et également l’information parfaite. Cependant, la seconde section de ce chapitre a mis en évidence une partie des limites des réformes financières entreprises au Maroc depuis le début des années 80. L’explication de cet échec peut précisément trouver ses fondements dans la non validité de ces hypothèses dans le cas du système financier marocain. En effet comme nous l’avons souligné, celui-ci est caractérisé par trois formes de blocages:

La première relève du manque de concurrence au sein du système financier caractérisé par une entente implicite entre les banques. Cela ne permet pas une amélioration du fonctionnement des acteurs de ce marché, et en particulier des banques. La performance de ces intermédiaires financiers doit être alors appréhendée par le concept d’efficience productive.

La seconde concerne les distorsions entraînées par l’intervention de l’Etat et notamment par le financement de son déficit et sa politique de crédits dirigés. Ces mesures ont favorisé le financement d’entreprises exportatrices ou appartenant à des secteurs jugés prioritaires, mais qui ne sont pas forcément les plus performantes. Ceci pose alors la question de la distribution des fonds prétables c’est à dire l’efficience allocative des intermédiaires financiers.

Enfin, la troisième concerne les trois acteurs du marché des crédits: tout d’abord la banque qui se trouve confrontée à un nouveau métier requérant des compétences qu’elle n’a pas eu à développer auparavant, elle peut donc difficilement juger de la performance des entreprises pour leur allouer du crédit. D’autre part, l’Etat n’offre pas un cadre juridique et institutionnel permettant aux banques de faire face à des problèmes de défaut de paiement (recouvrement). Et enfin, l’entreprise est encore réticente à diffuser des informations la concernant. Ces asymétries d’information conduisent à l’exclusion de certaines des entreprises du marché du crédit. L’efficience informationnelle des banques correspond à une sélection optimale des emprunteurs potentiels.

Ces trois concepts d’efficience, développés dans les paragraphes de cette section, constituent le fil directeur de la thèse.