4.2 L’efficience allocative des intermédiaires financiers

L’analyse de l’efficience allocative est menée dans le deuxième chapitre. Une allocation efficiente des crédits se caractérise par le financement des entreprises les plus performantes. Cependant, d’une part, dans une situation caractérisée par l’intervention des pouvoirs publics, ceux-ci contraignent les banques à allouer du crédit selon des critères non économiques (Gale, 1990 ou encore Williamson, 1994). D’autre part, les banques n’allouent pas de crédits aux entreprises les plus performantes car elles ne disposent pas de toute l’information disponible pour cela. Elles mettent alors en place divers mécanismes de supervision ou de réputation pour sélectionner les bénéficiaires des crédits (Diamond, 1984, Mishkin, 1992).

Les limites de l’intervention de l’Etat sur le marché des capitaux sont soulignées (Li, 1998), mais, le comportement de la banque, même sans intervention publique peut entraîner une allocation sous optimale du crédit (Stiglitz et Weiss, 1981). Ce ne sont pas les entreprises les plus efficaces qui ont accès le plus facilement au crédit mais les entreprises dont les caractéristiques permettent aux banques de faire face aux asymétries d’information, en particulier les grandes entreprises (Bester, 1985), ou encore celles ayant construit des relations de long terme avec la banque (Mishkin, 1992).

Les développements de cette littérature conduisent à spécifier les déterminants de l’allocation du crédit. Nous avons ainsi utilisé une approche micro-économétrique développée notamment par Jaramillo, Schiantarelli et Weiss (1992) et Harris, Schiantarelli et Siregar (1994). C’est à ce niveau que sont mobilisées les données de l’enquête présentées dans la section précédente. L’octroi de nouveaux crédits est expliqué par des variables relatives non seulement au comportement des banques mais également aux caractéristiques propres à l’intervention publique au Maroc, qui est principalement une politique de ’zones d’investissement’ et d’incitation au développement de secteurs jugés prioritaires.

L’allocation du crédit a connu de profondes modifications. Les critères alors déterminés par l’Etat ont disparu, tandis que ceux mis en place par les banques ne sont pas encore bien identifiés. On cherche alors à affiner l’analyse pour savoir de quelle façon les asymétries d’information ont influencé le financement des entreprises. C’est la question de l’efficience informationnelle qui est introduite dans le prochain développement.