1.1.5 Mesures modifiant la frontière des prêts et les courbes d’indifférence

La libéralisation financière n’est souvent qu’un pan d’un vaste programme de réformes d’ajustement structurel. Les conséquences de ces réformes sur la performance des entreprises affectent la qualité du portefeuille des crédits des banques et leur perception du risque. Des banquiers incertains sur les conséquences des réformes pourront considérer les prêts accordés comme plus risqués; la frontière des prêts va se déplacer vers la droite (à même rendement, le prêt est considéré comme plus risqué).

Si pendant la période pré-réforme, les décisions concernant l’allocation des crédits étaient prises principalement par des agences de l’Etat, la banque peu expérimentée n’aura pas de bonnes compétences dans l’appréciation du risque. Les réformes financières donnant à la banque la pleine responsabilité du choix des crédits et des conséquences des pertes, la banque aura certainement une perception plus risquée de son environnement. Là encore, la frontière des prêts se déplace vers la droite.

La profitabilité des banques peut être détériorée par l’ajustement structurel, en particulier si elles ont de forts engagements vers les secteurs ’déclinants’, particulièrement les entreprises publiques. La richesse de la banque diminuant, cela aura un impact sur la forme des courbes d’indifférences: la pente sera plus importante, d’où un effet sur la répartition entre crédits risqués et Bons du Trésor, toutes choses égales par ailleurs.

Nous avons montré que l’élimination des différentes contraintes à l’activité bancaire n’ont pas toutes les mêmes effets sur le comportement des banques. En période de libéralisation financière, ces mesures peuvent être prises de manière graduelle ou brusque, mais souvent de façon concomitante. L’effet global de toutes ces mesures est difficilement identifiable.

Dans ce modèle de concurrence parfaite, les banques prennent leurs décisions en supposant que tous les crédits qu’elles souhaitent allouer trouvent preneurs. Cette hypothèse est quelque peu éloignée des structures de marché des systèmes bancaires dans les pays en développement. En effet, ces pays sont plutôt caractérisés par la présence d’un faible nombre de banques, dont le comportement est assimilable à une situation d’oligopole. Ce fait stylisé nous a conduits à utiliser le modèle dit de Monti-Klein d’une banque en monopole. Freixas et Rochet (1997) montrent que ce modèle peut être facilement transformé en un modèle de concurrence imparfaite de type oligopolistique. L’élimination du plafonnement du taux sur les crédits peut être considérée comme le point central des libéralisations financières, aussi seule cette contrainte à l’activité des banques est-elle analysée dans le cadre de ce second modèle.