Les tests économétriques proposés pour déterminer la nature des dépôts

Pour Hughes, Mester et Moon (2000a), la question de savoir si les dépôts doivent être considérés comme des inputs, comme des outputs ou comme les deux, n’est pas ’une question de goût’ (sic). On devrait en effet mettre en place des tests permettant d’y répondre. Deux tests différents ont été proposés: l’un par Hancock en 1991 (cité par Freixas et Rochet, 1997), le second par Hughes, Mester et Moon (2000a).

Hancock (1991) développe une méthode dite des ’coûts d’utilisation’. L’analyse est menée à partir d’une régression linéaire du profit net de la banque sur un ensemble de postes du bilan, sans supposer a priori quels éléments correspondent aux inputs et aux outputs. Le signe des coefficients de la régression va déterminer la distinction entre inputs et outputs: un effet négatif sur le profit de la banque correspondra à un input et un effet positif à un output. Les résultats de Hancock indiquent que les crédits et les dépôts courants sont des outputs, tandis que les inputs correspondent au travail et au stock de capital fixe. Cette approche a été utilisée entre autres par Aly, Grabowski, Pasurka et Rangan (1990) et par Fixler et Zieschang (1992).

En porte à faux avec ces résultats, Hughes, Mester et Moon (2000a) trouvent que les dépôts doivent être considérés comme des inputs. Ils utilisent un test économétrique basé sur l’estimation d’une fonction de coûts. Intuitivement, ils testent l’effet de l’augmentation d’un montant xd de dépôts sur les coûts de production d’un niveau constant d’output y. Si les dépôts sont des outputs, alors plus d’inputs et donc de coûts, seront nécessaires pour produire le niveau y d’output et son augmentation xd, ce qui implique que message URL FORM58.gif, avec C la fonction de coût. Au contraire, si les dépôts sont des inputs, une augmentation de leur volume va entraîner une baisse des dépenses des autres inputs pour produire un même niveau y d’output, d’où message URL FORM59.gif. Sur des données comprenant 441 banques américaines en 1994, leurs résultats indiquent clairement que les dépôts ’fonctionnent’ comme des inputs dans le processus de production de ces banques.