3.1.4 Les travaux contemporains

Leightner et Lovell (1998) considèrent que les banques commerciales et la banque centrale ont deux types d’objectifs distincts. Les banques commerciales ont généralement pour objectif de maximiser leur profit, tandis que la banque centrale a pour objectif d’améliorer la croissance économique tout en préservant la stabilité du système bancaire. A la suite de ce constat, ils proposent de spécifier deux ensembles d’outputs selon que l’on souhaite mesurer l’efficacité des banques commerciales en terme d’objectifs privés ou d’objectifs de développement. Ils supposent que les banques commerciales maximisent leur profit provenant de leurs activités financières. Aussi, spécifient-ils deux outputs, les produits financiers nets et les produits non financiers, sensés refléter cet objectif. De cette manière, les caractéristiques d’output des dépôts sont prises en compte dans les produits non financiers, et les dépenses associées aux dépôts (les intérêts payés aux déposants) sont soustraites aux intérêts perçus sur les crédits pour obtenir les produits financiers nets.

L’étude de Leightner et Lovell (1998) est appliquée à la Thaïlande, dont la banque centrale contrôle l’activité des banques commerciales en vue de faciliter la croissance économique, tout en préservant la stabilité du système financier. Ils spécifient deux outputs censés refléter cet objectif: les crédits et les investissements en portefeuille (actions et obligations), qui tous deux fournissent les fonds nécessaires pour stimuler la croissance de l’économie thaïlandaise. La différence principale avec l’approche de l’intermédiation est qu’ils ne prennent pas en compte les dépôts comme inputs. En effet, un même ensemble d’inputs est utilisé dans les deux cas (objectif des banques commerciales et objectif de la banque centrale), comprenant les dépenses salariales, les dépenses d’équipement et les provisions pour pertes.

Les travaux de Hughes et de ses coauteurs (Hughes, Mester et Moon, 2000a, Hughes, Mester et Moon, 2000b et Hughes et Mester, 1998) consistent à incorporer les spécificités de l’activité bancaire dans l’analyse de l’efficacité, à savoir la prise de risque, la gestion de l’information, etc. Ils tentent de modéliser la firme bancaire en supposant un comportement de maximisation de l’utilité du manager, permettant d’incorporer le risque dans la gestion bancaire ainsi que la structure du capital de la banque, et non plus de maximisation du profit de la banque ou de minimisation des coûts.

Nous allons voir maintenant les résultats obtenus par les auteurs utilisant ces techniques dans l’analyse de l’impact de la libéralisation financière sur l’efficacité des banques.