4.3.1 Construction de la frontière à partir de l’ensemble de l’échantillon

Les moyennes annuelles entre 1990 et 1996 de l’efficacité technique sont représentées dans la figure 14 (voir annexe3 pour les données exactes).

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Figure 14. Efficience technique et hypothèses de rendements d’échelle

Avant d’analyser leur évolution temporelle, constatons que l’évolution de l’efficacité technique est la même quels que soient les inputs et outputs considérés (modèle 1, 2 ou 3). Toutefois, il existe une différence de niveau. Le même type de conclusion est obtenu par Wheelock et Wilson (1995) lorsqu’ils comparent différentes méthodes (voir la section précédente).

La différence de niveau entre les résultats obtenus en fonction des hypothèses de rendement d’échelle est attendue: lors d’une estimation avec hypothèse de rendements d’échelle variables, plus de banques ont de chance de se trouver sur la frontière d’efficience que lors d’une estimation avec hypothèse de rendements d’échelle constants (voir encadré2 pour une illustration de ce résultat).

La figure 14 montre que sur la période récente de libéralisation financière (1990 à 1996), l’efficacité technique des banques marocaines a connu une évolution chaotique. En effet, elle est croissante sur les périodes 1990 à 1991 et 1994 à 1995 et décroissante sur les périodes 1991 à 1993 et 1995 à 1996. Ce résultat est confirmé par l’étude de Chaffaï et Dietsch (1998) sur les banques commerciales marocaines sur la période 1990 à 1995. Ces auteurs utilisent une approche paramétrique, et estiment une fonction de production de type Cobb-Douglas par la méthode des variables instrumentales. La figure 15 permet de comparer les résultats obtenus par Chaffaï et Dietsch avec les modèles 1 et 2 (le modèle 3 prend en compte les organismes financiers spécialisés non inclus par les auteurs) sous l’hypothèse de rendements d’échelle variables, plus proche de l’estimation d’une fonction de production dont les coefficients ne sont pas contraints. On constate là encore une forte corrélation entre ces différentes estimations.

On retrouve ces résultats si l’on analyse l’évolution de l’efficacité technique au niveau de chaque banque. L’annexe 4 présente les résultats obtenus par banque à partir du modèle 1 avec hypothèse de rendements d’échelle variables.

Dans ces estimations, nous avons supposé que la frontière des possibilités de production était constante dans le temps, puisqu’elle a été calculée à partir de l’ensemble des observations, toutes périodes confondues. Cette hypothèse de constance de la frontière équivaut à supposer implicitement que tout déplacement vers la frontière correspond à une amélioration de l’efficacité technique. En conséquence, tout progrès technologique ou toute modification favorable (défavorable) de l’environnement des banques est assimilé à une amélioration (dégradation) de leur efficacité. Aussi n’est-il pas surprenant que les estimations présentées ci-dessus soient fortement corrélées à l’évolution du produit intérieur brut marocain. La figure 16 montre bien que seule l’évolution des deux dernières années est contracyclique.

Pour distinguer, dans l’évolution de la productivité, l’efficacité du progrès technologique, nous utilisons la décomposition permise à partir de l’indice de productivité de Malmquist.

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Figure 15. Comparaison avec les résultats obtenus par Chaffaï et Dietsch (1998)
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Figure 16. Evolution de l’efficacité technique et croissance du PIB marocain

Cet encadré a pour objet d’illustrer la raison pour laquelle les efficiences sont plus élevées dans le cas d’hypothèse de rendements constants que dans le cas d’hypothèse de rendements variables. Nous reprenons le cadre simple utilisé dans la seconde section de ce chapitre. Considérons quatre observations (banques) différentes, caractérisées par un certain montant d’output produit à partir d’un certain input. Ces quatre observations correspondent aux points A, B, C et D de la figure 17. La courbe enveloppe avec hypothèse de rendements d’échelle variables est construite de telle sorte qu’aucune observation ne soit à l’extérieur du cône convexe ainsi construit. Si l’on fait une hypothèse de rendements d’échelle constants, la droite enveloppe est tracée à partir du point d’origine de telle sorte qu’elle passe par le point maximum du cône convexe.

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Figure 17. Courbes enveloppes et hypothèses de rendement d’échelle

Rappelons que l’efficience a été définie comme la distance entre le point observé et sa projection sur la courbe enveloppe. On constate, dans cet exemple très simplifié que les banques A, B et C sont efficaces si l’on fait l’hypothèse de rendements variables, en revanche, seule la banque B est efficace dans le cas d’une hypothèse de rendements constants. La distance entre les deux enveloppes pour une banque efficace sous l’hypothèse de rendements variables et non efficace sous rendements constants est une mesure de l’efficacité d’échelle (distance AA’ sur la figure 17).