Section 1 Le comportement des banques dans l’allocation du crédit aux entreprises

Comme le soulignent Stiglitz et Weiss (1990), dans la théorie économique classique représentée par le modèle Arrow-Debreu, il n’y a pas de problème d’aléa moral: l’individu remboursera la banque s’il en a la possibilité. La sélection contraire n’est pas non plus prise en compte, le fait de rembourser ou non ne dépend pas de la volonté de l’individu mais de l’état de la nature (qui n’est pas sous son contrôle). La nécessité de sélectionner les demandeurs de crédits et d’assurer le suivi des crédits réalisés n’est pas utile. En l’absence d’imperfections de marché, la banque, pour maximiser ses profits a intérêt à allouer du crédit aux entreprises les plus performantes et viables, garanties de remboursement des crédits. Toutefois, la prise en compte des phénomènes de sélection contraire et d’aléa moral permettent de comprendre les principes que la banque doit appliquer pour garantir le remboursement de ses crédits aux taux convenus. Ces mêmes principes sont utilisés par certains auteurs pour montrer les ’raisons d’être’ des banques (Diamond, 1984).

Certains économistes, comme Stiglitz et Weiss (1981), Mankiw (1986) ou encore Gale (1990), estiment que ces imperfections de marché permettent de justifier les interventions de l’Etat sur le marché du crédit, en particulier en donnant la possibilité à des emprunteurs solvables, rationnés par les banques, d’accéder au crédit. En revanche, Lacker (1994) ou Williamson (1994) montrent que de telles interventions n’améliorent pas le bien-être social mais qu’au contraire cela peut même avoir des effets pervers.

Cette section se propose tout d’abord de présenter les caractéristiques principales du comportement des banques, quant à l’octroi de crédit, lorsqu’elles sont en présence d’asymétries d’information. Puis, la question du rôle de l’Etat sur le marché des capitaux est abordée.