La sélection des emprunteurs (screening)

En présence de sélection contraire, il est important d’identifier les emprunteurs qui ont le plus de chance de rembourser.

De manière à bien les sélectionner, la banque doit collecter des informations sur les emprunteurs potentiels. Elle collectera des informations d’ordre comptable contenues dans les bilans et comptes de résultats. Elle cherchera à savoir quels sont les projets de l’entreprise et de quelle manière elle compte utiliser le prêt demandé. Elle s’intéressera également à l’environnement dans lequel évolue l’entreprise (concurrence au sein du secteur, etc.). Elle sera amenée à se déplacer dans l’entreprise si elle juge que des informations d’ordre plus subjectif peuvent apporter des éléments pertinents quant à la connaissance de l’entreprise. Toutefois, la sélection n’est jamais parfaite car trop coûteuse.

La banque sera également attentive au montant d’emprunt que l’entreprise a déjà contracté et aux sources de ces emprunts. Une entreprise trop endettée aura une moindre propension à pouvoir rembourser tous ses crédits. Dans tous les cas, la réputation que s’est formé l’emprunteur sur sa capacité à rembourser ses prêts est centrale. La valeur des fonds propres est ici un bon indicateur (Gilles, 1992). Disposer d’un actif net initial important réduit le poids de l’incertitude qui a une forte influence en matière de décision d’investissement. Selon Bernanke et Gertler (1989), une entreprise disposant d’importants fonds propres réduit son problème d’asymétrie d’information car son endettement relatif au capital est faible et présente moins de risque. Elle peut ainsi obtenir plus de crédit et à de meilleures conditions. Ces fonds propres donnent également aux entreprises la possibilité d’éviter le risque de rationnement de crédit grâce à une forte garantie hypothécaire (Gale, 1990).

Boyd et Prescott (1986) (cité par Gertler, 1988, page 576) soulignent le rôle que les intermédiaires financiers jouent dans l’évaluation ex ante des projets, minimisant ainsi les problèmes d’asymétrie d’information. Ils considèrent un environnement où chaque individu est doté d’un montant de richesse limité et d’un projet. Ce dernier est soit de bonne ou de mauvaise qualité, et cette information est propre à l’individu. Des coalitions d’intermédiaires émergent, et ces coalitions mettent en place des incitations de telle sorte que les individus ayant des projets de mauvaise qualité deviennent des épargnants et les individus ayant de bons projets empruntent des fonds. L’évaluation de projet et les contrats financiers sont les deux types de dispositifs utilisés par les intermédiaires.