1.2.2 Marché boursier et rationnement

Cho (1986) s’appuyant sur les modèles d’économie en information imparfaite appliquée au marché du crédit montre que les arguments en faveur de la libéralisation financière sont incomplets et qu’en particulier ils omettent l’existence de contraintes endogènes sur le marché du crédit, comme celles entraînées par l’asymétrie d’information entre emprunteur et prêteur. Il montre que le développement des marchés boursiers dans les pays en développement, parallèlement à la libéralisation financière, permettrait d’éliminer les effets négatifs dus aux asymétries d’information. Ce résultat est obtenu car il suppose que ’‘le marché des actions est exempt de phénomènes de sélection adverse et d’aléa moral, tandis que le marché du crédit y est sujet lorsqu’il existe des asymétries d’informations’’ (page 197)62.

En fait, cette analyse est quelque peu hâtive. En effet, comme nous l’avons noté précédemment, des entreprises de petite taille pourront se trouver rejetées du marché du crédit à la suite d’une libéralisation financière, or, ce type d’entreprises n’a pas la possibilité de se financer auprès des marchés boursiers. D’autre part, Greenwald et Stiglitz (1990) montrent qu’il peut exister un ’rationnement en actions’: même si les entreprises peuvent émettre de nouvelles actions, le coût d’un tel financement est tellement élevé qu’elles n’émettent pas d’actions. Les coûts élevés sont entraînés par des problèmes de supervision (monitoring), de sélection contraire et d’aléa moral. Ainsi la question de l’élimination du rationnement du crédit, à la suite d’une libéralisation financière ne peut-être résolue par le seul concours d’un marché boursier développé comme le suggère Cho.

Notes
62.

Nous avons vu dans le chapitre précédent la critique de Kumar (1994), basée sur les travaux de Myers et Majluf (1984), de l’analyse de l’allocation du crédit développé par Cho (1986).