Une introduction au monde d’Ibsen impulsée par des acteurs externes

Le premier dessin de Munch lié à l’oeuvre d’Ibsen est un petit croquis au crayon et à la plume, légendé de la main de l’artiste Skule Baardsson et l’évêque Nicolay 259, illustrant un des épisodes des Prétendants à la Couronne, et daté de 1877, c’est-à-dire lorsque l’artiste avait quatorze ans.

Le dessin en lui-même n’a guère de valeur artistique, mais l’intérêt dépasse la simple anecdote en témoignant de la connaissance et de l’intérêt précoces de Munch pour les pièces d’Ibsen. Il subsiste au musée Munch plusieurs croquis d’illustration que l’adolescent et son frère réalisaient et inséraient dans leurs livres, oeuvres naïves et conventionnelles - bien que Munch ait commencé à dessiner tôt, on est loin du génie de l’enfant Picasso - mais révélatrices de leur culture et de leur goût pour la littérature encouragés par le docteur Munch. Le dessin reflète la conception traditionnelle de l’illustration, témoignant d’une soumission entière du dessinateur au texte, et reste sous l’influence d’une lecture réaliste, attachée à restituer tous les éléments dramatiques, notamment le cadre historique. La relation est unilatérale, le jeune Munch absorbant l’oeuvre de l’institution nationale et culturelle qu’est Ibsen sans chercher à exprimer son monde propre.

L’intérêt pour l’illustration manifesté dans son enfance est oublié lorsque l’artiste commence à avoir des ambitions professionnelles et faut attendre 1891 pour le voir s’y essayer de nouveau, sur l’impulsion de dialogues avec des proches ou de propositions extérieures.

Notes
259.

Skule Baardsson et l’évêque Nicolay, 1877, crayon et plume, 109x173, signé et légendé : « Skule Baardssön og Bisp Nicolay », T 34.