II - Des illustrations plus thématiques que narratives

L’approche du texte par Munch est donc en premier lieu imaginative, dans un second temps visuelle, l’oeuvre littéraire étant avant tout perçue dans son existence réique. Delacroix avant lui avait posé comme préalable le pouvoir du texte initial sur l’imaginaire du peintre : «  ‘Si la lecture d’un livre éveille nos idées, et c’est une des premières conditions d’une semblable lecture, nous les mêlons involontairement à celles de l’auteur ’».439

Mais une fois pénétré par le récit, comment l’artiste l’appréhende-t-il ? Quel choix opérer entre les différentes composantes de la construction dramatique ? Que privilégier, entre la logique événementielle, les personnages, le caractère sensible des situations, ou au contraire comment trouver l’équilibre entre tous ces éléments du récit ?

L’illustration absolument littérale ne peut exister, dans la mesure où le choix même des épisodes illustrés est soumis à l’arbitraire de l’artiste, ce choix pouvant être effectué en fonction de critères très différents selon chaque personnalité. L’interprétation personnelle commence donc avec le sujet des scènes représentées.  

Notes
439.

Journal 23.09.1854, cité in cat. Delacroix, les dernières années, p. 201