Annexe 9 : Henrik Ibsen dans la bibliothèque d’Edvard Munch (archives MM).

En version originale :

Henrik Ibsen, OEuvres complètes, Edition populaire, second volume (Les Guerriers à Helgeland, La Comédie de l’Amour, Les Prétendants à la couronne), Copenhague, Gyldendal, 1898 .

[ Cette édition a de nombreuses pages non découpées.]

OEuvres complètes, Edition commémorative, Christiania et Copenhague, Gyldendal, 1908 : 5 vol.

Rosmersholm, Copenhague, Gyldendal, 1886 ;

Les Soutiens de la Société, Copenhague, Gyldendal, 1877, 2e édition (dédicacé « A Edvard Munch de la part de G et F Grönvold ») ;

John-Gabriel Borkman, Copenhague, Gyldendal, 1896, 2e édition [deux exemplaires dont celui de sa soeur : inscription, « Laura Munch, Noël 1896 »].

Lettres, Copenhague - Christiania, Gyldendal, 1904, 2e vol.

[La plupart des pages sont coupées, mais non les notes explicatives.]

Sigurd Høst, La Poésie d’Ibsen et Ibsen lui-même, Oslo, Gyldendal, 1927 ;

En langues étrangères

Allemande :

Gespenster, Universal Bibliothek n°1828, Leipzig.

[Acheté à la librairie O. Sohn, Weimar. 2 exeplaires dont un non lu.]

Hedda Gabler, Universal Bibliothek n°2773, Leipzig [2 ex.] ;

Brand, Universal Bibliothek n°1531-1532 [ 2 ex.] ;

Française :

Sigurd Høst, Henrik Ibsen, Librairie Stock, Delamain, Boutelleau & Cie, 1924.

[La plupart des feuilles ne sont pas coupées. Seul un chapitre a été lu : Empereur et Galiléen.]

[ « Une pièce typique d’une maison norvégienne, parfaitement tenue et quelque peu démodée, en dehors de la ville. Une sorte de grande salle qui représente la pièce centrale de la maison et en même temps le salon, où Mme Alving se trouve la plupart du temps. Cela doit donc être quelque chose de tout à fait sérieux, simple, presque ascétique, mais en même temps qui trahit la sensualité et la brutalité grossière du chambellan défunt, donc en aucun cas d’un goût parfait.

En même temps, cette pièce doit avoir des secrets, de sombres coins et recoins avec d’étranges meubles démodés qui, dans l’obscurité par exemple, peuvent avoir un effet inquiétant. La pièce pourrait peut-être avoir des lambris jusqu’à mi-hauteur, et au-dessus un papier peint décoloré, mais pas forcément clair. (Un croquis de ceci serait très souhaitable.) Le jardin d’hiver (au fond) est plus clair, et la cage d’escalier, pour autant qu’on puisse la voir à travers la porte de gauche, est également plus vivante, et rappelle spécialement le chambellan et capitaine Alving. Pour la couleur du revêtement du fauteuil et des rideaux, en peluche ou quelque chose de ce genre, on pourrait envisager peut-être un violet sombre, usé. Le sol, du parquet au dessin démodé, est en partie seulement (à peu près sous la table du milieu et à gauche près de la fenêtre) couvert de tapis. A gauche à la fenêtre, devant la porte menant aux escaliers, se tient un grand fauteuil ou un petit sofa ; devant, une table à ouvrage. C’est spécialement la place de Mme Alving, également la place où Osvald, à la fin, devient fou. Près du sofa, un petit marchepied. Sur le perron, une porte à deux battants, dont un reste toujours fermé. Au milieu de la pièce, une lourde et sombre table ronde, et autour des chaises. A droite, deux portes qui mènent, devant à la salle à manger, derrière dans le corridor.

Entre les deux portes, une cheminée sur laquelle se trouvent deux vieux candélabres et, au milieu, une pendule démodée. Devant la cheminée, deux fauteuils. Contre le mur de gauche, qui sépare la cage d’escalier de la pièce, une grande armoire et des chaises droites à dossier haut.

Au fond, deux marches environ mènent au jardin d’hiver, situé un peu plus haut, dont le mur au fond est fait d’une verrière sur toute la hauteur, offrant une vue sur le paysage. Ce paysage, visible à travers la fenêtre du fond, est d’une certaine façon l’âme de la pièce : il la change à volonté, et influence considérablement l’ambiance à l’intérieur. Le plafond est à concevoir en boiseries à poutres. Entre le paysage et la pièce, il pourrait y avoir un voile de brume, qui peut considérablement s’épaissir ou s’amincir.

Acte I : Temps de pluie, terne et gris, plus clair dehors qu’à l’intérieur. Eclairage principal de la fenêtre à gauche. Vitre : mouillée, ternie. Atmosphère de pluie, terreuse et humide. Variations d’éclairage. Matin.

Acte II : Lent crépuscule. Ombres grossissantes, lourdes. Assez clair au début, ensuite de plus en plus sombre, jusqu’à ce qu’il fasse noir dehors. A l’intérieur, une lampe à pied vers la fin, qui illumine une partie de la pièce et spécialement la table, et laisse les recoins de la pièce sombres, comme des fantômes. A la fin, une légère lueur du feu derrière les fenêtres. Après-midi. Soir.

Acte III : La nuit. Lampe. Plus tard, très lentement : légère lueur du jour, qui vers la fin grossit et forme avec la lampe qui brûle un demi-jour sinistre. Tout à la fin, totale lumière du jour au fond, froide, désolée, à travers laquelle la pièce finit, avec une chute grandiose, comme une symphonie. Nuit. Petit matin.

Il nous serait nécessaire et très précieux d’avoir d’abord un croquis d’intérieur sans jeu de lumière particulier, et des croquis pour les meubles les plus importants, pour le modèle du papier peint, les lambris et les fenêtres - et ceci le plus rapidement possible, tout comme les couleurs pour les rideaux, la nappe et les étoffes des meubles, pour le bois et le papier peint.

Les esquisses d’ambiance détaillées et les changements d’éclairage peuvent attendre jusqu’à (mi-) septembre, pour nos répétitions ; elles auront une précieuse influence sur le travail artistique.. Les esquisses en détail citées plus haut sont toutefois, à cause des commandes pressantes, absolument nécessaires aussi tôt que possible, car l’exécution des commandes réclame du temps, et Les Revenants est la représentation d’inauguration du nouveau théâtre.

L’intérieur chez Ibsen a jusqu’ici été incroyablement délaissé et mal traité. Il constitue pourtant, à mon avis, une part essentielle de tout ce qui, chez Ibsen, se trouve entre les lignes et qui non seulement entoure, mais aussi symbolise l’action.

Je crois fermement que nous pouvons, grâce à votre aide, accorder et distinguer les êtres et le lieu, de façon à mettre la lumière sur des profondeurs non encore prospectées de cette oeuvre grandiose, et de façon générale réaliser un travail remarquable. Jusqu’ici, la scène allemande a mis sous les feux de la rampe une étude clinique de la folie, plus ou moins réussie, et a laissé tout le reste dans l’ombre. C’est à mon avis l’inverse qu’il faut faire. [..] »_