2-2 Les formes verbales avec suffixes terminatifs et leurs valeurs

2-2-1 Constructions

Soit une phrase simple :

  • (Ex2)

  • misu-nIn / thokki-lIl / cap-ass-ta /

  • Misu-p.top / lapin-p.accus / attraper-acc-STdécl. /

  • Misu a attrapé un lapin

Cette phrase simple contient une forme verbale constituée de morphèmes qui donnent diverses informations linguistiques sur cette phrase. La forme verbale se divise en trois parties :

racine verbale + infixe verbal + suffixe terminatif

cap--ass--ta

  • la racine verbale qui est une partie, en principe, invariable, à laquelle s’ajoutent successivement des éléments variables tels que

  • l’infixe verbal qui est une partie se trouvant entre la racine verbale et le suffixe terminatif : [ass] est un suffixe d’aspect accompli ;

  • le suffixe terminatif, [ta] qui sert à indiquer, d’une part, le type de phrase « déclaratif » et d’autre part le degré honorifique d’infériorité banale.

Au niveau de l’infixe verbal, où apparaît le suffixe d’aspect accompli [ass], peuvent également se rencontrer des suffixes verbaux ou des expressions périphrastiques qui expriment certaines catégories grammaticales telles que

  • les aspecto-modales:

  • accompli:cap-ass-ta (a attrapé)

  • inaccompli:cap-n I n-ta (attrape)

  • prospectif (éventuel):cap-kess-ta (attrapera / doit attraper)

  • les voix :

active:cap-ø-ass-ta (a attrapé)

passive:cap-hi-Oss-ta (a été attrapé)

causative:cap-ke ha-jOss-ta (a fait attrapé)

(*NB. : [ass], [Oss] et [yOss] sont les variantes combinatoires du même suffixe d’aspect accompli.)

éventuellement,

  • le respect exprimé, à l’aide du suffixe honorifique [si], par le locuteur vis-à-vis de la personne dont la désignation occupe la position argumentale de sujet dans l’énoncé, cette personne pouvant être l’interlocuteur ou une tierce personne :
    • – respect :cap-ø-ass-ta (a attrapé)

    • + respect :cap-I-si-Oss-ta (a attrapé)

(*NB. : [I] est un segment épenthétique intercalé pour des raisons d’euphonie et de commodité articulatoire.)

Voyons en détail l’emploi du suffixe honorifique [si] à l’aide des exemples suivants :

  • (Ex3)

  • (a)halap O ci-kkesO / ttOna-si-n-ta /

  • grand-père-p.nom(+hon) / partir-hon-inacc-STdécl./

  • Le grand-père part (+respect)

  • (*NB. kkesO est la forme honorifique de la particule nominative [ka / i])

  • (b)n E to N s EN-i / ttOna-n-ta /

  • mon frère-p.nom / partir-inacc-STdécl. /

  • Mon frère part. (-respect)

  • (c)* n E to N s EN-i / ttOna-si-n-ta /

  • mon frère-p.nom / partir-hon-inacc-STdécl. /

  • Mon frère part. ( +respect)

La présence de ce suffixe honorifique dans la forme verbale de l’ex. (3a) laisse deviner que le locuteur exprime son respect envers son grand-père dont la désignation [halapOci] occupe la position de sujet, tandis que l’absence de ce suffixe dans la forme verbale de l’ex. (3b) se traduit par le fait que le locuteur n’a pas besoin d’exprimer son respect envers son frère [nEtoNsEN] (mon frère jeune) qui lui est inférieur dans la hiérarchie familiale. De ce fait, la présence du même suffixe dans la forme verbale de l’ex. (3c) rend cet énoncé inacceptable du point de vue pragmatique. Il est à noter que ce qui déclenche l’emploi de ce suffixe honorifique, ce n’est pas une contrainte d’ordre grammatical, mais d’ordre socioculturel.