Chapitre 3
Comparaison des adjectifs épithètes et des compléments du nom en français avec leurs équivalents en coréen

L’examen rapide d’un texte coréen, que ce soit un texte originellement coréen ou un texte coréen traduit du français, suffira pour se convaincre que l’utilisation des constructions contenant des formes déterminatives morphologiquement marquées par la présence d’un des suffixes déterminatifs (nIn/In/Il) est particulièrement fréquente en coréen. Ces formes déterminatives fonctionnent généralement comme prédicat des propositions déterminatives dans cette langue. Mais lorsqu’on observe leurs emplois en comparaison avec le français, on remarque généralement que là où le coréen utilise les constructions contenant ces formes déterminatives comme modificateurs du nom, le français met en oeuvre, non seulement des modificateurs du nom de statut propositionnel (désormais “ modificateurs propositionnels ”) comme les relatives, les complétives du nom, ou encore les propositions participiales ou les infinitives, mais aussi des modificateurs du nom de statut syntagmatique (“ modificateurs du nom de statut syntagmatique ”) comme les adjectifs épithètes (paysage magnifique) ou les compléments du nom, souvent des syntagmes nominaux prépositionnels (fille en jean). Certes, le coréen dispose de modificateurs syntagmatiques d’un type distinct qui s’organisent selon le même ordre “ déterminant + déterminé ” que les modificateurs propositionnels, mais qui se caractérisent morphologiquement par des marqueurs différents. Mais d’un point de vue contrastif, ces modificateurs coréens ont des emplois qui ne correspondent pas tout à fait à ceux de leurs équivalents français. Dans la traduction coréenne du texte français on observe notamment que dans bien des cas, différents types de modificateurs syntagmatiques du français sont traduits, faute de modificateurs équivalents de même statut en coréen, par les modificateurs comportant des formes déterminatives. La traduction quasi systématique des adjectifs épithètes français par les formes déterminatives du coréen en est bien révélatrice.

Dans ce qui suit, nous verrons plus concrètement pourquoi des formes déterminatives, généralement issues des verbes dits “ verbes de qualité ” ou “ verbes qualificatifs ” en coréen, sont si récurrentes dans le cas où figurent les adjectifs épithètes en français. Nous verrons également quelles sont leurs caractéristiques qui font dire qu’elles proviennent non d’un simple changement grammatico-lexical qui opère au niveau de la classe grammaticale des mots (Verbe → forme déterminative au moyen d’un suffixe déterminatif), mais d’une opération syntaxique, à savoir la relativisation, qui s’applique au niveau propositionnel. Ceci revient à dire que nous considérons que la forme déterminative issue d’un verbe qualificatif n’est pas autre chose que la forme verbale d’une relative ayant comme argument un seul argument régi par le prédicat.

Il est à noter tout de même que sur ce point la description des grammaires du coréen nous semble quelque peu floue. Certains grammairiens, bien qu’ils ne le disent pas explicitement, semblent accorder à ce type de formes déterminatives un statut plutôt syntagmatique que propositionnel, en les traitant dans une partie consacrée à la dérivation lexicale où ces éléments en fonction épithétique sont considérés comme des dérivés, souvent des verbes qualificatifs.

Avant d’observer les emplois des formes déterminatives dans les propositions déterminatives en coréen, nous pensons qu’il est primordial d’examiner avant tout les caractéristiques des formes déterminatives qui, malgré leurs modifications formelles, sont verbales, selon qu’elles sont issues des verbes qualificatifs ou des verbes d’action, alternative qu’il est important de prendre en compte. Chemin faisant, nous passerons succinctement en revue les modificateurs du nom de statut syntagmatique en français et en coréen et en verrons quelques cas de traduction entre ces deux langues. Nous laisserons de côté pour le moment les modificateurs propositionnels du nom des deux langues.