4-1-1 La définition des relatives dans les grammaires

Les grammaires du français définissent généralement les propositions relatives comme des propositions subordonnées qui commencent par un pronom (ou un adverbe) relatif (qui, que, quoi, où, dont, etc.), et ceci quels que soient les critères de classement adoptés83. Les grammairiens optent donc pour une caractérisation formelle, à savoir la présence d’un pronom relatif, qui est du moins le dénominateur commun de ces subordonnées.

Par contre, bien qu’il soit coutumier pour les grammairiens de rapprocher les relatives des adjectifs par leurs rôles, à tel point que certains n’hésitent pas à appeler abusivement celles-ci « propositions adjectives », il est rare que les relatives soient définies fonctionnellement comme des propositions subordonnées déterminant un nom. Ceci peut s’expliquer par deux raisons qui montrent qu’une telle définition fonctionnelle n’est pas pleinement satisfaisante. D’une part, les relatives ne sont pas les seules en français à occuper la position de modificateur d’un nom. Cette langue connaît d’autres subordonnées qui peuvent assumer la même fonction syntaxique au sein de la phrase complexe, comme les complétives de nom ou encore les participiales et les infinitives, si on s’accorde à considérer ces deux dernières, bien qu’elles comportent un verbe à temps non-fini, comme des propositions subordonnées au même titre que celles qui comportent un verbe à temps fini. D’autre part, la fonction de modificateur d’un nom n’est pas la seule fonction syntaxique que puissent assumer les relatives. Par opposition aux « relatives avec antécédent » auxquelles on reconnaît cette fonction, il existe en effet des « relatives sans antécédent » qui occupent à elles seules une position argumentale. Une relative sans antécédent peut donc remplir les fonctions de sujet, d’objet, d’attribut, etc. comme peut le faire un substantif (cf. Qui veut voyager loin ménage sa monture / J’aime qui m’aime). D’où son autre dénomination : « relative substantive ».

Ainsi, une telle variation des relatives du français à la fois au niveau de la construction et au niveau de la fonction explique pourquoi les grammairiens sont amenés à en donner en premier lieu une définition formelle plutôt que fonctionnelle.

Néanmoins, il est frappant de constater qu’une fois donnée une définition formelle des relatives, en précisant les rôles qu’y assume le pronom relatif, les grammairiens font l’économie d’expliciter les conditions dans lesquelles se produit une relative ainsi que le mécanisme proprement dit de la relativisation et le rapport sémantico-logique établit entre relative et antécédent. Une telle explicitation nous paraît primordiale pour comprendre ce qui permet d’identifier les relatives des autres subordonnées, sans s’arrêter exclusivement aux aspects formels qu’elles présentent d’une façon ou d’une autre. Elle est par ailleurs d’autant plus nécessaire dans une langue comme le français où les relatives, y compris celles du français populaire, se manifestent sous des formes très variées.

Notes
83.

On peut s’apercevoir tout de suite que cette définition est très restrictive, s’appliquant uniquement aux relatives avec pronom relatif et non aux relatives introduites par autre chose qu’un pronom relatif.