4-3-1- L’ordre de détermination [Relative — Nom-pivot]

En coréen, la relative se place devant le nom-pivot, comme on le voit dans l’exemple suivant :

  • (Ex15)

  • chEk-Il /1/ ss-In /2/ John /3/

  • livre-p.accus /1/ écrire-SD:acc /2/ John /3/

  • →John qui a écrit (un/le) livre

Si cet ordre de détermination [Relative — Nom-pivot] est admis comme naturel par la plupart des linguistes, certains toutefois, inspirés des premiers travaux de Chomsky, comme Y-T Kuk (1968) et D-W Yang (1975) postulent que la relative se place derrière le nom-pivot au niveau de la « structure profonde ». Ainsi, on peut présenter la façon dont Yang (1975, 129-189) voit la procédure transformationnelle par laquelle la structure relative réalisée dans l’ex. (12) est générée de sa structure profonde : (cf. H-P I, 292)

  • (Ex12)

  • chEk-Il /1/ ss-In /2/ John /3/

  • livre-p.accus /1/ écrire-SD:acc /2/ John /3/

  • →John qui a écrit (un/le) livre

  • NP

  • NP S

  • John

  • NP VP

  • ? ? chEk-Il ssOss-ta

  • NP

  • NP S

  • John

  • NP VP

  • John chEk-Il ssOss-ta

  • Reflexivization

  • NP

  • S NP

  • John

  • NP VP

  • ? ? chEk-Il ssOss-ta

  • NP

  • S NP

  • VP John

  • chEk-Il ssOss-ta

  • S-Preposing

  • Pro-Deleting

  • NP

  • S NP

  • VP John

  • chEk-Il /1/ ssI-n

  • Complementizer

  • Placement

Cette schématisation montre que la relative est dérivée, à la suite d’un certain nombre de transformations, d’une phrase située derrière le constituant nominal au niveau de la structure profonde. C’est à cause du déplacement de cette structure phrastique profonde devant ce constituant nominal (transformation nommée « S-preposing » par l’auteur) que la relative se trouve placée devant ce constituant nominal devenu le nom-pivot. L’une des raisons pour lesquelles Yang affirme cette hypothèse est que le nom-pivot, placé devant la structure profonde de la relative, facilite l’explication du phénomène de pronominalisation ou celui de reflexivisation. Phénomènes qui s’observent mieux par la présence du matériel apparent dans certaines phrases complexes.

  • (Ex16)

  • (a) john i [[k I i-ka / cuk-Oss-Il-ttE] motIn salamtIl-i / sIlphOha-n ]

  • → [[k I i-ka / cuk-Oss-Il-ttE] motIn salamtIl-i / sIlphOha-n] John i

  • [[lui-p.nom / mourir-acc-quand] tous les gens-p.nom / déplorer-SD:acc] John

  • →John que tous les gens ont regretté, lorsqu’il est mort

  • (b) john i [[caki i-ka / salaNha-nIn] kE-ka / cuk-In ]

  • → [[caki i-ka / salaNha-nIn] kE-ka / cuk-In ] john i

  • [[soi-p.nom / aimer-SD:inacc] chien-p.nom / mourir-SD:acc] John

  • → John dont le chien est mort que *soi-même (il) aimait.

Ce sont des relatives dans lesquelles sont enchâssées d’autres subordonnées : une subordonnée en fonction de complément de temps dans (16a) et une subordonnée relative en (16b). Chacune de ces subordonnées comporte un élément anaphorique qui est coréférentiel avec le nom-pivot John : le pronom résomptif [kI](lui) dans la subordonnée circonstancielle et le pronom réfléchi [caki] (soi-même) dans la subordonnée relative.

Ce linguiste semble s’être borné ici à l’hypothèse que la relation anaphorique est toujours bien formée, lorsque le syntagme nominal précède l’élément anaphorique. Mais on peut affirmer avec H-P I (1975) que cette hypothèse, trop restrictive et non-applicable au cas présent, ne constitue pas la véritable raison pour laquelle on devrait postuler la postposition de la relative par rapport au nom-pivot dans la structure profonde. En fait, comme les exemples (16a) et (16b) le prouvent, un pronom anaphorique, qu’il soit résomptif ou réfléchi, peut précéder le syntagme nominal lorsque la proposition qui le contient est subordonnée à celle qui contient le syntagme nominal. Il s’agit là non de la précédence du syntagme nominal et du pronom, mais d’une hiérarchie des propositions qui régle la pronominalisation102.

Notes
102.

Pour plus d’informations sur les pronoms et l’ellipse en coréen étudiés dans le cadre de la théorie GB, nous renvoyons le lecteur à K-J Jeon (1989) et B-S Shim (1991).