Chapitre 5
Quelques éléments morphosyntaxiques de la relativisation en français et en coréen du point de vue de la linguistique typologique et contrastive.

5-1 Objet d’étude

Ce chapitre a pour objet les caractéristiques morphosyntaxiques que présentent les structures phrastiques de la relativisation en français et en coréen. Nous les étudierons à la lumière des recherches déjà effectuées sur les relatives dans le cadre de la linguistique générale. L’objectif est d’une part de distinguer les propriétés linguistiques qui permettent de reconnaître comme relatives les types d’unités phrastiques dans des langues de famille différente comme le français et le coréen, et d’autre part de voir plus concrètement en quoi ces unités phrastiques sont différentes, entre elles, et par rapport aux unités phrastiques reconnues comme relatives dans d’autres langues.

Notre étude sera basée sur les travaux de linguistes tels que Comrie (1981), Creissels (1997), Givón (1990), Hagège (1982), Keenan (1985) qui ont proposé une typologie des relatives attestées dans des langues très diverses selon les éléments qui y sont impliqués de manière relativement constante. Dans cette vision typologique, les questions suivantes sont le plus souvent abordées et discutées :

  • Comment se place la relative par rapport à la principale ?

  • Dans quel ordre linéaire s’établit la relation de détermination entre la relative et le terme nominal dit “antécédent”?

  • Quelles particularités présente le terme nominal relativisé dans la relative ?

  • Quelles particularités présente le marqueur de subordination ?

  • Quelles sont les fonctions syntaxiques relativisables109 ?

  • Quel est l’ordre des constituants nominaux dans la relative ?

Nous discuterons donc de ces questions à propos des relatives du français et du coréen en faisant référence éventuellement à d’autres langues.

Pour ce faire, nous nous limitons aux « relatives restrictives », qui sont communément attestées sans trop de controverses en français et en coréen. Il apparaît raisonnable de nous borner à celles-ci si l’on veut étudier avec minutie les structures phrastiques de relativisation et leurs caractéristiques morphosyntaxiques dans les deux langues. Il est à noter par ailleurs que la relative restrictive est considérée comme le prototype de la relativisation dans une perspective typlogique. C’est à partir d’elle que les linguistes, travaillant à l’échelle des langues du monde, établissent une typologie des relatives. Le fait que le coréen ne connaisse que l’emploi restrictif va dans ce sens.

Pour la même raison, nous excluons également de notre champ d’étude les relatives sans antécédent qui relèvent d’un cas particulier de relativisation en français. Donc dans ce qui suit, “ relative” sera à comprendre dans le sens de “ relative restrictive ”.

Notes
109.

Ces fonctions serons analysées de façon approfondie dans le chapitre 6.