6-3-2-2 Quelques exemples de traduction coréenne des structures relatives introduites par des relatifs prépositionnels du français

L’observation de quelques exemples de traduction donnera une idée sur la façon dont on traite en coréen ce type de structures relatives du français pour lesquelles on ne peut avoir généralement d’équivalents structurels.

La traduction coréenne la plus courante consiste à rendre de telles phrases complexes par deux phrases indépendantes successives ou deux phrases coordonnées. Ce qui est présenté en français sous forme de relatif complexe en tête de relative est généralement traduit en coréen lexicalement par un syntagme nominal postposé par une particule circonstancielle dans la seconde phrase indépendante ou coordonnée.

  • (Ex29)

  • (a) Goethe (...) se dirige vers une grande salle au fond de laquelle Napoléon, assis à sa table, est en train de prendre son petit déjeuner. [Im. 86]

  • (b) (P1) [kwethe-nIn /1/ (...) O n I /2/ k O t E han /3/ hol-Il hyaNhE /4/ ka-n-ta /5/ ] [Trad. Im.73]

  • Goethe-p.top /1/ certain /2/ immense /3/ salle-vers /4/ aller-inacc-STdécl /5/

  • (P2) k I -hol /1/ kiphsukhan kos-e /2/ napholleloN-i /3/ sikthak-e /4/ anc-a /5/ copan-Il /6/ tIl-koiss-ta /7/

  • cette salle /1/ endroit profond-dans /2/ Napoléon-p.nom /3/ table-à /4/ s’asseoir-SC /5/ petit déjeuner-p.accus /6/ en train de prendre-STdécl /7/

  • P1→ Goethe va vers une grande salle.

  • P2→ Au fond de cette salle, Napoléon, assis à sa table, est en train de prendre son petit déjeuner.

  • (Ex30)

  • (a) Brigitte (...) retourne à sa voiture , devant laquelle l’attendaient deux agents de police, stylo en main. [Im.205]

  • (b) (P1) [pIlicithI-nIn /1/ cato N cha-lo /2/ tolaw-ass-ta /3/] [Trad.Im. 175]

  • P1→ [Brigitte-p.top /1/ voiture-vers /2/ retourner-acc-ST.décl /3/]

  • (P2) [cato N cha-aphe-nIn /1/ tu-myON-Ii /2/ kyONchalkwan-i /3/ son-e /4/ phen-Il /5/ tI-nchE /6/ kitalikoiss-Oss-ta /7/]

  • P2→ [voiture-devant-p.top /1/ deux-classificateur de personne-p.génit /2/ agent de police-p.nom /3/ main-p.loc (en) /4/ stylo-p.accus. /5/ tenir-sub. (concomitant) /6/ en train d’attendre-acc-ST.décl /7/]

  • P1→ Brigitte retourne à (sa) voiture.

  • P2→ Devant la voiture, (l)’attendaient deux agents de police, tenant un stylo en main.

Le traducteur coréen a donc choisi de rendre ces relatives introduites par les relatifs prépositionnels (une grande salle) au fond de laquelle et (la voiture) devant laquelle des exemples (29-a) et (30-a) par deux phrases indépendantes en coréen. Tout se passe comme si ces relatifs assumaient la double fonction de « connecteurs spaciaux » et d’anaphoriques dans les relatives qui apparaissent alors comme coordonnées. Le traducteur reprend lexicalement ces relatifs complexes par des syntagmes nominaux suivis d’une particule ou d’une locution casuelle [kI-hol-kiphsukhan-kos-e] (cette salle-profond-endroit-à) et [catoNcha-aphe] (voiture-devant) comparables aux syntagmes nominaux prépositionnels au fond de cette salle et devant la voiture, ce qui permet de rendre fidèlement les informations concernant les lieux précis où se passent les évènements exprimés par les relatives françaises.

Comme les relatifs complexes français se trouvent en tête des propositions relatives qu’ils introduisent, les syntagmes nominaux repris sont placés immédiatement en tête des phrases suivantes. Ceci a pour effet d’assurer, pour les reprises lexicales en coréen ainsi que pour les reprises pronominales par les relatifs français, une progression informationnelle linéaire du type [Th1-Rh1, Th2-Rh2...] : les syntagmes nominaux, en l’occurrence [hol] (salle) et [catoNcha] (voiture), qui sont les rhèmes dans les phrases précédentes, sont devenus les thèmes dans les phrases suivantes.

Les relatives des exemples (29-a) et (30-a) sont analysables respectivement comme relative restrictive et relative explicative. Mais cette distinction n’a pas de répercussion dans le cas présent sur la traduction de ces relatives en phrases indépendantes ou coordonnées en coréen. C’est l’absence de marques comparables aux relatifs complexes français dans le système coréen qui a contraint le choix du traducteur, comme si les relatives introduites par un relatif complexe apparaissaient comme des phrases coordonnées en français.

Il est des cas où les relatives à pronom relatif complexe du français sont traduites en coréen par des subordonnées déterminatives qui auraient comme « antécédent » un terme nominal identique à celui des relatives du français.

  • (Ex31-1)

  • Et une année plus tard eut lieu la fatale visite à Weimar au cours de laquelle , deux semaines après son arrivée, ses lunettes se cassèrent par terre. [Im.95]

  • (Ex31-2)

  • kIliko /1/ kI-loputhO /2/ ilnyOn-hu /3/ tochakhanci /4/ icu-twie /5/ k I ny O - I i /6/ anky ON -i /7/ tta N patak-e /8/ tt O l O cy- O /9/ paksalna- n /10/ k I -chimy ON c O kin /11/ paimal I -pa N mun-i /12/ iluOcy-Oss-ta /13/ [Trad.Im. 81]

  • et /1/ ceci-à partir de /2/ un an-après /3/ arrivée /4/ deux-semaine-après /5/ elle-p.génit /6/ lunettes-p.nom /7/ sol-à /8/ tomber-SC (tombant) /9/ se casser-SD:acc /10/ ce-fatal /11/ Weimar-visite -p.nom /12/ se produire-acc-ST.décl /13/

  • → Un an plus tard de cela, a eu lieu cette fatale visite (à) Weimar que deux semaines après son arrivée, ses lunettes se sont cassées tombant par terre.

A la différence des cas précédemment observés, la structure relative marquée par le relatif complexe au cours de laquelle est traduite ici en coréen par une subordonnée déterminative qui a pour nom déterminé un terme nominal identique à celui de l’exemple français correspondant : [kI-chimyONcOkin paimalI-paNmun] = cette fatale visite à Weimar. Nul doute qu’en (31-1) ce relatif complexe a pour rôle d’indiquer avec précision que la relative qu’il introduit est rattaché à son antécédent qui est un syntagme nominal complexe la fatale visite à Weimar dans un rapport de temps avec une idée de déroulement. Mais cette idée de déroulement, qui est exprimée en français par l’expression au cours de, est absente dans la traduction coréenne, où on peut inférer le rôle d’un circonstant de temps sans la sous-spécification de cette idée, en prenant la fatale visite pour nom-pivot de la subordonnée déterminative. Etant donné que le nom-pivot la fatale visite à Weimar est un syntagme nominal complexe qui contient aussi un nominal désignant le lieu Weimar, dans la traduction coréenne, l’interprétation du rôle d’un circonstant de lieu est également possible, comme si la détermination de la subordonnée porte principalement sur ce terme de lieu Weimar plutôt que sur la fatale visite. Donc, cette double interprétation – circonstant de temps et circonstant de lieu, est possible pour la traduction coréenne, comme cela se passerait en français, si était employé dans ce cas à la place du relatif prépositionnel au cours de laquelle. Par rapport à , ce relatif complexe sert non seulement ici à spécifier une relation sémantique de temps avec de plus une idée de déroulement que le nom-pivot a avec la subordonnée relative, mais aussi à indiquer clairement que la relative détermine la fatale visite et non Weimar.

L’exemple suivant montre que le traducteur a rendu la relative française par une subordonnée relative du coréen, en modifiant la fonction syntaxique relativisée qui, en français, est celle d’un circonstant de « moyen » marqué par le relatif complexe par lequel, en fonction de sujet dans la subordonnée déterminative en coréen.

  • (Ex32)

  • (a) Que nous cherchions le sens du mot latin arbor ou le mot par lequel le latin désigne le concept ’arbor’ (...) [Saus. 99]

  • (b) lathinO /1/ arbor-Ii /2/ ttIs-Il /3/ kuhallyOkoha-tIn[ci] /4/ namu-la-n I n /5/ k E ny O m- I l /6/ kalikhi-n I n /7/ lathin O-lIl /8/ kuhallyOkoha-tIn[ci] kane /9/ [Trad. Saus. 90]

  • latin /1/ arbor-p.génit /2/ sens-p.accus /3/ tenter de chercher -SC (soit) /4/ arbre-être-SD (apposition) /5/ concept-p.accus /6/ indiquer-SD:acc /7/ mot latin-p.accus /8/ tenter de chercher-SC (soit) /9/

  • →Qu’(on) tente de chercher le sens du mot latin arbor ou qu’(on) tente de chercher le mot latin que (qui) désigne le concept ’arbor’

On constate que la modification de la fonction relativisée est effectuée dans la subordonnée déterminative du coréen, dans la mesure où cette modification n’entraîne pas sensiblement de changement du sens de la subordonnée relative du français.