Chapitre 8
Les « propositions déterminatives » dégrammaticalisées et/ou en cours de dégrammaticalisation

Les constructions du coréen que nous allons observer dans cette section sont peu différentes, au niveau de la configuration formelle, des constructions déterminatives que nous avons vues précédemment. Elles contiennent comme celles-ci une forme déterminative de verbe, souvent combinée avec d’autres arguments, et représentent un schème de détermination identique, à savoir [(Nx) + Vsd] ND/N. Par contre, elles ont des emplois qu’on ne peut expliquer en se limitant au cadre de la détermination nominale. Autrement dit, malgré leur ressemblance formelle avec les vraies constructions déterminatives, elles ne se prêtent pas à l’analyse habituelle selon laquelle la proposition précédente serait une subordonnée déterminant le nom appartenant la proposition principale.

En effet, dans les constructions que nous allons voir, entre le nom « déterminé » et la proposition « déterminative » qui le précède s’établit un lien plus ou moins figé dans le sens où ce nom est systématiquement précédé de cette proposition dont le verbe est marqué d’une façon spécifique par un des suffixes déterminatifs (n I n/( I )n/( I )l). Ce lien figé s’observe plus précisément entre le nom déterminé et le suffixe déterminatif qui le relie à la proposition qu’il marque : le choix du suffixe déterminatif est généralement imposé devant tel ou tel nom. Les noms qui viennent fréquemment occuper cette place de « déterminé » sont, pour la plupart, des noms appelés « dépendants » ou « incomplets » (→ND) qui ont besoin, par nature, d’un déterminant quelconque tel un démonstratif ou un déterminant indéfini ou bien une proposition déterminative, pour fonctionner normalement dans un énoncé. Les constructions ainsi figées [(Nx) + Vsd] ND/N ont, selon leur occurrence dans la structure de phrase, des emplois sémantico-syntaxiques qui pourraient correspondre en français tantôt à des relatives dites périphrastiques ayant pour antécédent ce, celui, ceux, etc., tantôt à des subordonnées circonstancielles introduites par des locutions conjonctives, ou encore à des expressions verbales qui ont pour rôle d’exprimer des valeurs aspectuelles ou des valeurs modales. Avec les noms dépendants qui se trouvent en cours de grammaticalisation sur différentes étapes (noms lexicaux → noms dépendants → morphèmes grammaticaux), nous verrons les différentes étapes de dégrammaticalisation de ces constructions « déterminatives » dans lesquelles les éléments constituants, nom « déterminé » et proposition « déterminative », sont devenus indissociables. C’est ainsi que les noms situés en position de déterminé forment, en association avec les éléments qui les entourent, des expressions figées ou en cours de figement dans lesquelles ils ont perdu leur propre sens ou le gardent partiellement.

Compte tenu de ce fait, il nous paraît approprié d’appeler les propositions se trouvant dans de telles constructions, « propositions de forme déterminative », puisque le verbe de celles-ci se marque par un des suffixes déterminatifs, afin de les distinguer des vraies propositions déterminatives. Disons tout de même que cette distinction ne peut se faire d’une façon tranchée, car elles se situent sur le continuum des propositions déterminatives.