3.4.1. La notion de FFA (ou anti-FTA)

Comme nous l’avons vu, le modèle de Brown et Levinson repose sur les notions de ’face’, de ’FTA’, et de ’face-want’ (désir de préservation des faces). Dans cette perspective, la conception de la politesse apparaît comme un ensemble de procédés de face-work, un moyen de concilier face-want et FTAs. Pour Brown et Levinson, la politesse est abordée d’un point de vue «pessimiste» de l’interaction, au point que tous les actes de langage sont considérés comme des FTAs en tout genre. En d’autres termes, ils n’ont envisagé que des actes de langage potentiellement menaçants pour les faces négatives et positives des interactants. Mais il existe d’autres actes de langage et donc un autre versant de la politesse. On peut s’apercevoir, grâce au travail de Kerbrat-Orecchioni, de l’existence de la politesse au sens actif, dans la mesure où il existe évidemment dans la vie quotidienne des actes de langage tels que le compliment, le remerciement, le voeu, etc., qui sont fondamentalement différents des actes comme la requête ou la critique. Il s’agit ici d’actes de langage qui sont aussi valorisants pour les faces des interlocuteurs, ceux que Kerbrat-Orecchioni baptise «FFA» (ou anti-FTA). Par conséquent, elle a tout à fait raison de répartir l’ensemble des actes de langage en deux grandes familles (FTA et FFA), pour observer raisonnablement le phénomène de la politesse. Ces deux catégorisations permettent, par ailleurs, de clarifier les notions de politesse négative et de politesse positive.