3.4.3. Principes «A-orientés» et «L-orientés»

Dans son livre intitulé «Interactions verbales II» (1992), Kerbrat-Orecchioni propose un système de politesse qui est établi sur deux catégories principales : les principes A-orientés et L-orientés, qui s’adressent au locuteur lui-même ou à son allocutaire respectivement, et qui consistent à ménager leurs faces. Elle (1992 : 185) leur attribue le caractère suivant :

‘«Les principes A-orientés représentent la politesse au sens strict : avec ses deux versants, négatif et positif, elle consiste à ménager ou valoriser les faces d’autrui».’ ‘«Quant aux principes L-orientés, leur rôle est secondaire, mais néanmoins nécessaire si l’on veut rendre compte dans sa globalité du fonctionnement de la politesse». ’

Ces deux principes qui sont complètement négligés dans le modèle de Brown et Levinson, se présentent dans le tableau de son système de politesse tout en haut de l’édifice. Les principes A-orientés ont pour objet d’être favorables à l’allocutaire en ménageant ou valorisant ses faces, et se divisent en deux sous-catégories : la politesse négative et la politesse positive. En revanche, les principes L-orientés permettent, peut-on dire, d’être défavorables au locuteur, en dévalorisant ses propres faces. Il nous semble que ces principes ont l’avantage de s’appliquer à un objet bien déterminé, tout en étant pour la plupart souples et dépendants de la valeur socioculturelle d’une société. Ainsi, on attribue à la loi de modestie une valeur différente selon les différents pays. Elle a, dans la société coréenne une importance primordiale, comme en témoignent la fréquence du discours d’auto-dévalorisation, l’existence des formes humiliatives lexicalisées, et l’abstention, autant que faire se peut, du désaccord. Il est essentiel, pour ce type de société, de rendre compte de l’opposition entre la «déférence» A-orientée, et la «modestie» L-orientée, en tant qu’elles constituent les deux axes fondamentaux de la politesse.