1. L’interaction médiatique

Notre corpus relève en totalité de la catégorie générale de l’interaction médiatique qui se produit sur un plateau d’émission et se déroule dans une situation médiatisée par la radio ou par la télévision aux auditeurs ou aux téléspectateurs. On peut définir plus précisément ce corpus comme une «interaction radiophonique» dans laquelle les interactants ont pour but de convaincre les auditeurs par une argumentation et par la crédibilité du contenu argumenté.

L’interaction verbale est étroitement liée à la forme de la rencontre entre les interactants, à la nature du site, à la relation interpersonnelle, au but de la rencontre, etc., qui sont des facteurs permettant d’établir une typologie des interactions21 - ce qui n’est pas le but de ce travail mais est, néanmoins, utile pour mettre en lumière les critères distinctifs de la notion de ’débat radiophonique’. Ainsi, l’interaction à la radio suppose une rencontre publique ayant lieu à la station émettrice. Ce type de rencontre a un caractère prémédité plutôt que spontané, à la différence de la conversation ordinaire. Le langage verbal échangé n’y est toutefois pas fictif comme dans le dialogue théâtral, mais plutôt naturel, bien qu’il subisse l’existence de contraintes concernant le développement de la conversation (nombre des participants, thèmes traités, tours de parole, et durée de l’intervention), et qu’il soit transmis à un auditoire. En d’autres termes, il s’agit d’une communication publique où l’interaction verbale se caractérise par une action finalisée et par la neutralisation de la relation interpersonnelle, si celle-ci existe entre les participants, ou de la différence de leur statut social. A cet égard, il apparaît que l’interaction médiatique se différencie de la conversation ordinaire du point de vue du degré d’authenticité ou d’interactivité.

Notre corpus se caractérise par l’absence du public dans le studio d’enregistrement, et de ce fait, on peut en attendre un degré d’authenticité différent de celui de l’interaction médiatique qui se déroule en sa présence. En effet, le fait qu’il y ait un public dans le studio d’émission peut fonctionner comme un facteur important, dans la mesure où les spectateurs, par leur présence, pèsent sur la production naturelle du discours. En ce sens, ils obligent les débatteurs à façonner le discours qu’ils produisent tout au long de l’interaction. Ce façonnage dans l’interaction sans public est beaucoup moins important, dans la mesure où n’existe que l’auditeur qui n’entre pas dans le champ visuel des débatteurs.

Notes
21.

Sur le problème de la typologie des interactions verbales, voir C. Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales tome 1, Paris, A. Colin, 1990, pp. 111-133.