2. Le débat radiophonique

2.1. Problèmes de définition

L’interaction médiatique se divise, selon le mode d’émission, télévision ou radio, en interaction télévisée et interaction radiophonique et ces deux types d’interaction se divisent eux-mêmes en différentes sous-catégories : débat, interview, ’talk show’, etc. Le débat à la radio qui constitue seul notre corpus est une interaction verbale qui est réalisée dans un studio d’émission par trois participants : un animateur et deux invités, et dont la finalité est la diffusion aux auditeurs. Le sujet du débat, sa longueur, le nombre des participants, le choix du thème, et l’alternance des tours de parole sont imposés de l’extérieur. Ce contrôle est effectué par l’animateur qui joue un rôle d’arbitre pour organiser la discussion entre ses invités, et qui met en oeuvre le mode de l’interview par l’utilisation du couple question-réponse. D’où l’on peut définir globalement le débat radiophonique comme une discussion organisée qui a, en même temps, l’aspect d’une interview et celui d’une discussion, comme le remarque Kerbrat-Orecchioni (1990 : 118) :

‘«Le débat tient donc à la fois de la discussion (par son caractère argumentatif), et de l’interview (par son caractère médiatique).»’

Ce caractère du débat radiophonique peut également être représenté par une conception «modulaire» de l’interaction au sens de R. Vion (1992). Selon lui, «chaque module correspondrait à l’un des types recensés dans la typologie mais fonctionnerait, du même coup, comme ’dominé’ par rapport à cette interaction où il apparaît»22. Le module se définit comme «un moment de conversation» intervenant à l’intérieur d’une interaction dominante. En ce sens, le débat dans le cadre de notre corpus se caractérise, à la fois, par l’existence des modules d’interview et de discussion, et par la modulation d’un genre à l’autre23 au cours du déroulement de l’interaction. Le module d’interview se réalise entre l’animateur et l’invité, alors que le module de discussion a lieu surtout entre les invités, même si parfois l’animateur prend position dans le débat. Celui-ci peut avoir également une configuration différente dans les émissions françaises et coréennes selon le dosage de ces deux composantes. Il convient donc de rappeler les caractéristiques de ces éléments avant d’examiner les aspects énonciatifs du débat.

Notes
22.

R. Vion, La communication verbale : Analyse de l’interaction, Paris, Hachette, pp. 149-150.

23.

Sur cette remarque, voir les auteurs :

- J. Gumperz, Discourse strategies. Studies in interactional Sociolinguistics 1, Cambridge, C.U.P., 1982, p. 159.

- C. Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales, tome 1, Paris, A. Colin, 1990, pp. 129-131.

- R. Vion, La communication verbale : Analyse des interactions, Paris, Hachette, 1992, pp. 149-150.