4.1. Le choix de la lisibilité

La transcription est une opération délicate qui consiste à passer des formes phoniques aux formes orthographiques. Ce passage peut engendrer de nombreuses difficultés, dans la mesure où les formes phoniques comportent dans le cas des interactions de face-à-face des matériaux sémiotiques de nature différente tels que des éléments verbaux (ex. les homonymes, les mots spécifiques), para-verbaux (ex. la prosodie, l’intonation, le débit) et non-verbaux (expression faciale, gestes et mimiques). Autrement dit, il s’agit d’une difficulté de la transcription qui projette sur le plan unilatéral de l’écrit les informations multilatérales des formes phoniques. Il est ainsi naturel que plus la transcription est fidèle à l’oral, plus elle devient complexe avec l’insertion de plusieurs signes symboliques, tels que l’accentuation des mots, l’intonation, le débit, le sourire, les pauses effectuées à l’intérieur des interventions, l’interruption, etc. Cette forme de transcription peut avoir l’avantage de permettre d’éviter au maximum les erreurs d’interprétation, mais elle peut aussi avoir le désavantage d’être extrêmement surchargée par divers signes conventionnels, et d’ailleurs, le plus souvent, difficiles à lire pour un lecteur ordinaire. En effet, le mode de transcription n’ayant pas une forme uniformisée, peut varier selon l’objet et le but de l’analyse. Dans la mesure où les interactions verbales à la radio ne nous fournissent que les aspects verbaux ou para-verbaux, elles réduisent dans une certaine mesure le travail de la transcription, ne permettant pas de tenir compte des aspects non verbaux. De plus, l’examen des actes d’accord et de désaccord nous oblige à choisir un mode de transcription qui favorise fondamentalement la lisibilité du texte, en mettant des signes qui sont nécessaires à la lecture tels que les signes de ponctuation, car ces deux actes, pour être identifier, impliquent la compréhension du discours dans lequel ils se retrouvent inclus. Par conséquent, nous avons négligé les phénomènes d’accentuation, de débit, d’intonation, qui n’ont été pris en compte que dans la phase exploratoire de compréhension du texte oral, à savoir au cours des écoutes réitérées des audio-cassettes enregistrées. En revanche, les signes de ponctuations tels que le point, la virgule, le point virgule et deux points jouent un rôle essentiel dans la détermination du sens du texte. Ils seront en ce sens présents dans notre transcription où ils reposent en principe sur les pauses, mais dépendent également du plan syntaxique et sémantique car les pauses au niveau oral ne correspondent pas parfaitement aux ponctuations de l’écrit. Par ailleurs, nous avons mis également des numérotations qui ne correspondent pas systématiquement aux tours de parole (mais à des interventions et des régulateurs), et quelques symboles : // : pour indiquer un chevauchement, et / : pour indiquer des expressions brèves (ex. :régulateurs) émises dans la pause du tour d’un même locuteur («pause intra»).