4. La prise de tour : chevauchement et interruption

On sait que les tours de parole, d’une part, consistent en l’alternance successive des locuteurs, et d’autre part, contiennent divers procédés de «validation interlocutoire» (phatiques et régulateurs). Ils s’effectuent par la technique de sélection du locuteur suivant par le meneur ou par celle de l’auto-sélection. Dans ce dernier cas, l’alternance des locuteurs n’est pas simple, puisque celle-ci peut avoir lieu à la fin du tour d’un locuteur en cours, ou au milieu, en cas de chevauchement et d’interruption. Ces phénomènes sont assez fréquents dans le débat triadique à la radio pour que nous nous arrêtions, dans ce qui suit, aux problèmes qu’ils soulèvent.

Le débat radiophonique que nous avons choisi se trouve dans la situation contradictoire d’une soumission à deux types de contraintes : d’une part, une discussion vive pour fournir au public le plus possible d’informations, et d’autre part, l’exigence d’audibilité, à l’encontre de laquelle le discours simultané produit un effet cacophonique, incompatible avec une retransmission. D’où le rôle interactionnel du meneur qui maintient l’interaction plus ou moins contrôlée, en tenant son rôle d’«arbitre» dans la situation conflictuelle entre les invités. Mais, il est de fait que les chevauchements et les interruptions sont malgré tout monnaie courante dans le contexte du débat. Leurs effets pragmatiques sont fonction du type d’interaction.