2.2. La correction

Dans le contexte de discussion, la négation est mobilisée par les interlocuteurs dans la mesure où «elle pose explicitement», note Moeschler (1982 : 87), «l’existence d’une contradiction avec ce qui a été préalablement asserté», comme dans l’exemple suivant :

(1) (Répliques 2 : 002-005)

L’exemple (1) extrait de l’émission «Répliques (08/11/97)», montre une relation contradictoire entre les arguments du débatteur (Pisier) et de l’animateur (Finkielkraut). Celui-ci conteste en 003 le terme (’tous les philosophes’) employé par son partenaire (Pisier). En introduisant le morphème de négation (’pas’), il exprime explicitement la nature contradictoire que ce terme peut avoir dans le contexte donné. Son désaccord a donc pour effet de corriger le terme en question. Dans notre corpus, la contradiction peut être souvent accompagnée d’une correction, comme le montre l’exemple (2) :

(2) (Répliques 7 : 050-053)

L’exemple (7), extrait de l’émission «Répliques (18/07/98)», est une partie de la discussion entre deux débatteurs (B. Debré et J.-P. Chrétien) qui s’opposent sur les récits d’origine des Tutsis. L’intervention de Chrétien marquée par la flèche corrige le contenu de l’intervention de son partenaire. Il s’agit d’une «rectification» au sens de Moeschler (1982 : 92), qui repose sur la négation «polémique» que Ducrot (1984 : 217-218) oppose à la négation «descriptive». Ici, la négation polémique porte sur la proposition (’il y a eu une espèce de légende absurde’) effectivement assertée par le débatteur (Debré). Il s’agit donc d’une ’reprise diaphonique immédiate’ de la proposition de Debré (’ce n’est pas légende absurde’). Cette reformulation s’accompagne d’une reconstruction partielle du discours de son partenaire, en remplaçant ’il y a eu’ par ’ce n’est pas’ et en introduisant sa propre proposition (’c’est une propagande, et une idéologie’).