5.3. Honorifiques envers le délocuté

En plus des deux protagonistes (le locuteur et l’allocutaire), la communication peut impliquer des délocutés, qu’ils soient présents ou non dans l’instant de l’énonciation. Ces tiers sont aussi l’objet des honorifiques, en rapport avec les deux participants à l’interaction coréenne. Les honorifiques envers le délocuté consistent en ce que le locuteur montre son attitude envers celui dont il parle à l’allocutaire. Le choix du niveau de langage est fonction du type de relation dynamique du pouvoir et de la solidarité entre le délocuté et les deux participants dans l’interaction verbale. Ainsi, il convient d’envisager certains cas possibles selon le type de relations interpersonnelles. Si les deux protagonistes de l’interaction verbale entretiennent une relation de type neutre, il est moins difficile pour le locuteur de décider s’il doit marquer l’honorifique dans l’énoncé, car il ne s’en tient qu’à employer les honorifiques. Mais, quand les interactants sont dans une relation hiérarchique, ils sont impliqués dans une situation plus compliquée :

  1. L > A : il s’agit d’un acte de langage sans marqueur honorifique envers A.
    1. A > D (ou A = D) : sans marqueur honorifique envers D

    2. A < D et L > D : sans ou avec marqueur honorifique (’si’) envers D

    3. A < D et L < D : avec marqueur honorifique (’kkesô’ et ’si’) envers D

  2. L < A : il s’agit d’un acte de langage avec marqueurs honorifiques envers A.
    1. A > D et L > D : sans marqueur honorifique envers D.

    2. A > D et L < D : sans ou avec marqueur honorifique (’nim’) envers D

    3. A < D : avec marqueurs honorifiques (’nim’, ’kkesô’, ’si’) envers D.
      (L : locuteur ; A : allocutaire ; D : délocuté ; > ou < : relation de pouvoir)

Les honorifiques envers le délocuté sont une manifestation de déférence par le locuteur sur la base de la relation hiérarchique. Si le délocuté est toutefois celui que le locuteur doit élever avec les marqueurs honorifiques, il y a des cas comme (ii) de (a) et (b), où il ne peut se hausser par rapport à l’allocutaire. D’où l’importance de comprendre le type de relation interpersonnelle, et la raison pour laquelle les locuteurs coréens essayent de saisir l’âge et le statut de leur partenaire, afin d’entrer dans une interaction harmonieuse.

Les honorifiques envers le délocuté ou l’allocutaire s’inscrivent dans la catégorie générale des honorifiques. Ils constituent une des caractéristiques du coréen. Leur emploi est inévitable pour exprimer la déférence envers les tiers. Ils se réalisent par l’ajout du suffixe honorifique (’-shi’) dans les terminaisons conclusives du verbe, et par les marqueurs (’-kkesô’ et ’-kke’) de cas nominatif et datif.