5.4.2. Noms d’adresse

Le locuteur s’abaisse lui-même pour élever son partenaire non seulement à travers le pronom personnel «sui-référentiel»; mais aussi, à travers une forme nominale «sui-référentielle» utilisant le préfixe ’so-’ (’petit’ ou ’pauvre’) telle que ’so-in’, ’so-ja’, ou ’so-saeng’ qui sont obsolètes dans la conversation actuelle. Il arrive que le locuteur puisse également s’abaisser en dépréciant ses activités par l’emploi du préfixe ’jol-’ (’être maladroit’) : ’jolpil’ (écriture gauche), ’joljô’ ou ’joljak’ (ouvrage sans valeur), ’jolgo’ (article sans valeur). Ces expressions ont pour but de déprécier le locuteur lui-même ou ses propres activités.

Pour terminer, il faut aussi indiquer que le locuteur, notamment devant un allocutaire supérieur, ne traite pas ses proches (membres de la famille, y compris ses parents) avec égard. Ainsi, les termes de parenté qui désignent les enfants du locuteur sont l’objet de dépréciation, à partir de la combinaison avec quelques suffixes humbles ’-nom’ (ex. ’adûl-nom’ pour un garçon), ’-nyôn’ (ex. ’ttal-nyôn’ pour une fille).

A travers ces appareils grammaticaux, la «contrainte systémique» exercée par les formes humbles s’applique donc au locuteur, à ses proches et à la signification qu’il attribue à ses activités ou ses ouvrages. En revanche, le phénomène de modestie fonctionne comme une «contrainte rituelle» du comportement langagier ou un savoir-faire important de la vie coréenne, comme le note Lee (1988 : 464) :

‘«Korean’s way of life has been influenced by the emphasis on manner, modesty, and humility of confucianisme, (...)».’

Cela revient à dire qu’il est indispensable de distinguer les formes humbles et la modestie. Les humiliatifs pour la déférence appartiennent au niveau grammatical, alors que la modestie fonctionne comme une stratégie de politesse. A cet égard, la modestie n’est pas un phénomène qui appartient au domaine des déférentiels, mais à celui des stratégies de politesse.