6. Politesse

Nous avons présenté ci-dessus les appareils verbaux des honorifiques et des formes humbles qui sont en grande partie codifiés dans la grammaire coréenne, comme un système de déférentiels. Or la déférence comprenant le système des honorifiques d’une part et le système des humiliatifs d’autre part est une condition primaire et nécessaire pour la politesse, surtout dans une relation hiérarchique entre les participants. Mais elle n’est pas une condition suffisante. Il faut également tenir compte de la dimension des actes de langage qui correspond aux stratégies de politesse. Cette dernière se divise en deux formes générales : politesse négative et politesse positive au sens de Kerbrat-Orecchioni. D’après elle, la politesse négative est un procédé d’atténuation des FTAs qui correspond à la notion de figuration d’évitement et de réparation de Goffman. En revanche, la politesse positive désigne certains actes de langage qui émettent des FFAs, tels que manifestation d’accord, offre, invitation, compliment, remerciement, formule votive ou de bienvenue, etc115. Lorsque ces FFAs sont utilisés pour accompagner et adoucir un FTA, ils relèvent, note Kerbrat-Orecchioni, de la politesse négative.

En tout état de cause, le phénomène de politesse en coréen doit nécessairement comprendre deux ensembles de stratégies : le déférentiel, qui est un système grammaticalisé, d’une part, et, d’autre part, les stratégies de politesse (ou face-work). Nous allons maintenant examiner parmi ces stratégies la politesse négative dont fait partie le ménagement du désaccord, et la place de la déférence dans ces stratégies.

Notes
115.

C. Kerbrat-Orecchioni, La conversation, Seuil, coll. «Mémo», 1996, p. 59.