1.2. L’organisation locale

1.2.1. Le statut du tour de parole

Le débat radiophonique qui constitue notre corpus a une structure d’interaction qui se compose d’une organisation globale (séquences) et d’une organisation locale (tours de parole). Il se construit par l’alternance des tours de parole qui est contrôlée par l’animateur au niveau de la gestion de l’interaction. L’interrogation est reconnue comme un «appel à autrui» pour obtenir une réponse informative ou confirmative. Le couple question-réponse est le moyen principal d’alimenter le débat, et d’enchaîner la discussion entre les participants. La réponse à la question est souvent suivie par un autre type de question ou par le désaccord. Il existe deux formes de tours de parole : l’«auto-sélection» et l’«hétéro-sélection». L’alternance des tours en question-réponse appartient à la deuxième forme, l’animateur sélectionnant le locuteur suivant par les formes d’adresse ou la question orientée vers un invité.

D’autre part, les tours de parole, dans le débat radiophonique comme dans la conversation ordinaire, peuvent être organisés sous forme d’«auto-sélection». Le tour peut alors être parasité par des régulateurs, des interventions, et des chevauchements, et notamment lorsqu’il est trop court pour être reconnu comme un tour. Pour résoudre ce problème et identifier l’acte de désaccord dans les tours, il convient tout d’abord d’établir le statut de tour dans son rapport au droit de parole à un moment donné, et à la négociation entre les candidats. En effet, le tour de parole correspond à un ’temps’ donné par l’animateur ou dont le candidat se saisit par lui-même. Dans le cas de l’auto-sélection, le problème n’est pas simple, car ce ’temps’ peut être très court comme c’est le cas avec les régulateurs121. Ceux-ci peuvent, en fait, se présenter comme un tour lorsqu’ils ont un statut de réponse à une action initiative et qu’ils sont considérés ou évalués par le locuteur en cours. De même, le tour peut être assuré par la négociation qui est bien opérative quand l’interlocuteur intervient au cours du tour du locuteur. Cette intervention peut avoir ou non le statut de tour selon que le locuteur en cours l’accepte ou non dans son tour long. Il s’agit ici d’une cession de droit potentielle. En ce sens, l’alternance des tours implique le déplacement de ce droit.

Notes
121.

Le corpus coréen dispose de régulateurs qui ont seulement le sens d’accord entre les participants : hm, hmhm, ye ou ne (’oui’), mullônijiyo (’bien sûr’), majssûpnida, (’vous avez raison’), kûlôhjiyo (’c’est ça’) dont les variantes sont nombreuses : kûlômyo, kûlôhssûpnida, kûlôhkessjiyo, kûlôhssûpnikka, kûlôhkunyo, kûlôshijiyo, etc.