4.4. La gestion du désaccord

Dans notre corpus, une assertion proposée par un locuteur est suivie dans la réaction de son interlocuteur, soit par l’accord, soit par le désaccord. Au moment de l’émergence du désaccord, les participants au débat le traitent dans le déroulement de l’interaction afin de sortir de cette situation conflictuelle et parvenir à la négociation, que nous avons examinée dans le cinquième chapitre. Il s’agit ici de la négociation sur le contenu ou l’opinion entre les débatteurs, lorsque ceux-ci posent des arguments différents (argument et contre-argument). L’issue de la négociation passe par l’animateur qui joue souvent le rôle de tiers, comme le montre l’exemple ci-dessous :

(1) (Tolon 2 : 111)

L’exemple (1) que nous avons déjà extrait ci-dessus est une intervention de l’animatrice (Son) après un série de désaccords entre les deux débatteurs (Kim et An). Ces débatteurs manifestent dans leur tour précédent des opinions opposées vis-à-vis de la question de Son sur l’argument du monde économique selon lequel, à cause du système nominatif des comptes bancaires, on consomme trop et les taux d’épargne sont diminués, et donc la crise économique actuelle en Corée provient de ce système. Alors que le débatteur (Kim) affirme que ce système fonctionne comme un facteur essentiel pour provoquer la crise économique actuelle, son partenaire (An) réfute cet argument qui n’a pas les données d’une preuve expérimentale, et cette réfutation est suivie de nouveau d’un contre-argument de Kim. A partir de ces argumentations et contre-argumentations des deux débatteurs, l’animateur tente en 111 un compromis en acceptant partiellement l’argument de Kim dans un premier temps de son tour et en proposant un autre facteur de cette crise économique. Cette proposition de compromis de l’animateur est tout de suite acceptée par le débatteur (Kim). Cela ne signifie pas que celui-ci modifie sa position initiale, mais que l’animatrice a dégagé un accord partiel qui permet aux deux débatteurs d’éviter le conflit alors qu’ils sont figés, chacun sur sa position initiale. Ce type de négociation est implicite mais il arrive également que l’animateur propose explicitement un compromis en jouant le rôle de tiers :

(2) (Jipjung 7 : 130)

L’exemple ci-dessus est extrait de l’émission «Jipjung Tolon (13/10/99)» où les deux débatteurs (Yun et Kwôn) s’opposent sur le problème de l’intégration des assurances maladie en prenant leurs positions initiales. Dans le dernier temps de cette émission, l’animateur (Tchoe) propose en 130 un compromis aux deux débatteurs pour trouver une issue à la situation conflictuelle sous forme de demande : hokshi du bun-ûn sôlo-ûi ûikyôn-ûl han bal ssik yangbohal sêngkak-ûn ôpsû-shin-ji-lûl yôtswôboko shipûp-nida (’j’aimerais bien vous demander si vous n’avez pas par hasard l’intention de céder sur vos opinions mutuelles en faisant chacun un pas.’). Il s’agit ici d’une négociation explicite sur l’opinion des deux débatteurs, et la proposition d’un compromis repose sur la cession partielle comme dans cette expression : han bal ssik (’chacun un pas’).