4. Désaccord durci

A la différence des désaccords atténués par divers procédés d’atténuation, les désaccords durcis s’accompagnent de divers «durcisseurs» qui ont pour fonction de «renforcer l’acte de langage au lieu de l’amortir, et d’en augmenter l’impact au lieu de l’atténuer»155. Il s’agit ici du procédé de renforcement des FTAs, et de l’«impolitesse positive» au sens de Kerbrat-Orecchioni (1995). D’après elle, l’impolitesse positive se caractérise par sa nature «productionniste», dans la mesure où elle «consiste à accomplir un FTA non adouci, ou même ’durci’», en corrélation avec l’«impolitesse négative» qui s’abstient de «produire un acte rituel attendu (salutation, excuse, remerciement, compliment, etc.)»156. D’autre part, le procédé de renforcement des FTAs peut être représenté également par le terme de comportement ’rude’ de R. Lakoff, qui se trouve dans un rapport ternaire avec ’polite’ et ’non-polite’.

Ce chapitre a donc pour objectif d’examiner l’expression aggravante et impolie dans l’acte de désaccord. Cela ne signifie pas pour autant que les tours de paroles ou les interventions des participants au débat peuvent se classer dans une catégorie de comportement soit polie, soit impolie, dans la mesure où ils sont généralement longs et hybrides. Nous allons donc essayer d’observer les procédés de renforcement qui peuvent attribuer une nature impolie à un acte de désaccord particulier.

Notes
155.

C. Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales, tome 2, Paris, A. Colin, 1992, p. 224.

156.

 C. Kerbrat-Orecchioni, ’La construction de la relation interpersonnelle : quelque remarques sur cette dimension du dialogue’, in Cahiers de linguistique française, n° 16, p. 77.