chapitre 4 : Vers une société de l’information ?

Les réserves, ces limites imposées à une ambition prospective concernant l’avènement d’un mode de régulation post-fordiste n’empêchent pas d’observer les mouvements qui se déroulent sous nos yeux. En montrant l’ampleur de ce qui se joue peut-être de nos jours, elles permettent au contraire de relativiser ce qui, par comparaison, peut apparaître comme un soubresaut, et donner dans le même temps leur vraie dimension à des tendances qui semblent mieux assurées.

La question des réponses apportées (ou les évolutions impliquées) par la « crise du fordisme » demeure en effet. Les pages qui suivent sont consacrées à l’importance croissante de l’information dans notre société, et en particulier au sein de ses activités de production. évidemment, cette importance de l’information répond aussi à la nécessité d’innover. Elle est bien sûr alimentée par l’instabilité qui caractérise notre période. En ce sens, elle ne peut s’interpréter avec pertinence hors de toute référence au renouvellement actuel du mode de production. En revanche, et c’est l’hypothèse d’interprétation adoptée ici, elle répond aussi à des dynamiques qui, de loin, ne renvoient pas toutes à la « crise du fordisme ». On pourrait même sans trop de difficulté proposer une lecture inverse, qui ferait de la montée de l’information l’élément premier de l’analyse des évolutions de société. C’est donc avec le parti pris de mettre en évidence, au sein de la réalité sociale, des sous-ensembles qui possèdent une part d’autonomie que sera abordé un phénomène qui participe aussi à construire une sortie au fordisme.

Dans ce cadre, on précisera dans un premier temps de la place grandissante qu’occupent les activités de production et de gestion de l’information au coeur du système productif. Dans un second temps, on abordera la question plus idéologique de l’avènement d’une « société de l’information ». On pourra alors prendre quelques distance avec le mythe d’une société post-industrielle qui romprait aussi avec les fondements marchands de la structure sociale que l’on connaît aujourd’hui. Que l’on ne s’attende donc pas à trouver ici ce qu’on n’y a pas mis : la définition exhaustive du mode d’accumulation post-fordiste par exemple.

Toujours sur le mode de l’aller-retour entre le global et les observations plus spécifiques, ce chapitre se poursuivra ensuite par un double examen de la situation de la grande vitesse ferroviaire dans ce contexte informationnel. Il permettra d’apercevoir d’abord comment la production des services à grande vitesse incorpore cette évolution. On examinera enfin la traduction de cette « montée de l’information » dans la demande de déplacement rapide.