4.1 L’information au coeur du système productif

C’est une tendance courante des économistes et autres « prospectivistes » de prédire l’avènement d’une société informationnelle. Néanmoins, devant l’échec essuyé par ceux qui, il y a quinze ou vingt ans, promettaient par exemple une diminution de la mobilité par substitution massive des télécommunications aux déplacements, on devrait aujourd’hui se méfier de mécanismes trop technicistes et préférer accorder la priorité aux phénomènes socio-économiques dans l’analyse des évolutions futures. Dans ce cadre, et partant de l’analyse proposée de la crise du fordisme, on peut néanmoins situer la notion d’information au coeur des enjeux actuels du système productif.

Un parcours transversal des différents éléments d’analyses de l’épuisement du fordisme évoqués au chapitre précédent fait en effet apparaître cette notion avec insistance. De manière presque anodine tout d’abord, lorsque l’on évoque la décroissance relative des activités productives au bénéfice du secteur tertiaire. De manière très globale ensuite, à propos de la nécessité d’un mode de régulation de dimension planétaire. Puis quand, face à l’intensification de la concurrence, il est question de développer les capacités de réactivité des entreprises, le schéma s’enrichit encore de trois niveaux : celui des « informations logistiques » qui partent du marché et remontent la chaîne de production « en temps réel », celui des informations multiples qui permettent aux entreprises d’anticiper les évolutions de plus long terme de leur environnement, et celui de la connaissance et du savoir-faire technologique sur lequel reposent les capacités d’innovation. Enfin, la redistribution des responsabilités appelée par la nécessité de mieux impliquer les salariés pour mieux les motiver pose directement le problème de la circulation de l’information au sein des organisations productives, sans parler des questions de pouvoir.

À la suite de cette énumération, on se sera convaincu de la place centrale que cette notion occupe. Pour se rassurer encore, on rappellera dès maintenant, et avant d’y revenir en détail, que le TGV est sans doute essentiellement un moyen de communication, un moyen de circulation de l’information en quelque sorte. Mais, ce rôle essentiel attribué à la notion d’information n’a rien pour étonner ; il n’est que le reflet de l’omniprésence apparente de l’information dans notre société. Voilà un lieu commun qui oblige à cerner un minimum la place et le contenu que l’on peut attribuer à cette notion pour interpréter les évolutions du système productif, et plus largement de notre société.