Chapitre 5 : Vers une société Globale ?

Confronté aux incertitudes de la transformation du fordisme et à l’utopie de la société d’information, il semblerait que l’on ne puisse rien avancer de tangible concernant le devenir de la société. Pourtant, on repère ça et là quelques points d’appui plus solides. Ainsi, même si la forme précise d’un nouveau « mode de régulation » est difficile à cerner, les éléments avancés pour analyser l’épuisement du fordisme – extension des aires de marché, intensification de la concurrence et les contradictions sociales de l’organisation fordiste en particulier – participent à l’évidence aux évolutions actuelles dont la recherche de flexibilité est un trait essentiel. De la même manière, quelle que soit la réalité de la « société post-industrielle », l’importance de l’information – tant dans les processus de production que dans le contenu des « produits » – ne se dément pas. L’apparence presque inéluctable de l’extension de la sphère marchande, enfin, a aussi été soulignée. La question se pose alors de la cohérence de ces tendances repérées jusqu’ici isolément. On cherchera celle-ci dans la notion de globalisation qui semble pouvoir rendre compte des principales évolutions mentionnées.

Il convient tout d’abord de préciser ce que recouvre ce terme. Le présent chapitre s’attachera donc en premier lieu à distinguer mondialisation et globalisation, à donner une signification en termes d’organisation productive à cette dernière et enfin à la situer par rapport à l’intensification concurrentielle. Ensuite, trois dimensions particulières du phénomène de globalisation seront développées : la première permettra de revenir sur le processus d’extension de la sphère marchande ; suivant la seconde, on s’interrogera sur les dynamiques d’homogénéisation/différenciation à l’oeuvre et la troisième abordera la question du renouvellement contemporains des inégalités sociales.

C’est donc sous ces trois aspects, qu’en dernier lieu, la grande vitesse sera interprétée aux prisme de la globalisation. Le renouvellement contemporains des inégalités sociales fera alors écho à une lecture nouvelle de l’usage socialement sélectif du TGV. À travers la présentation de la notion de travail métropolitain, on illustrera une évolution des phénomènes de différentiation intimement liée au mouvement de globalisation. On retrouvera les dynamiques d’homogénéisation/différenciation avec l’analyse du « standard » spatial à travers lequel les villes d’affaires tendent à uniformiser leur offre de prestations. La grande vitesse est évidemment reconnue comme l’un de ces équipements indispensables. Mais on verra aussi que cette représentation normative empêche la reconnaissance des spécificités qui fondent les ressources de chaque lieu. Enfin, on avancera que le TGV, à travers ses performances physiques en termes de vitesse et le prix de celles-ci, participe de manière complémentaire à d’autres moyens d’échange à distance d’une socialisation et d’une marchandisation de l’espace.