Une stratégie d’intégration de l’activité des firmes

à la suite de Michael Porter (1982), Charles-Albert Michalet (1990) distingue d’ailleurs nettement les stratégies de mondialisation des stratégies de globalisation des firmes. Les premières désignent un processus d’élargissement de la sphère d’activité des firmes sur la base de rapports asymétriques entre le centre – le pays d’origine de la firme – et la périphérie. Les différents espaces de cette dernière sont alors considérés comme porteurs de ressources génériques dont il s’agit de profiter. Ils constituent soit un nouveau marché, soit une source de matière première ou de main d’oeuvre bon marché, soit une source de liquidité financière. Ainsi construite, la mondialisation est donc bien la forme fordiste de hiérarchisation de l’espace des firmes.

La globalisation est un « concept stratégique » d’organisation des firmes (Veltz, 1996 ; Mattelard, 1998, p. 86). Envisagée du point de vue de l’inscription spatiale de l’organisation productive, elle se traduit par un processus de structuration polycentrique. Il consiste à intégrer dans l’organisation de la firme les ressources spécifiques développées par chacun des centres. Pour Michael Porter (1993), la firme globale est celle qui raisonne son organisation, de la R&D aux ventes finales, en fonction de sa rentabilité envisagée à l’échelle planétaire. Concernant le secteur automobile, une activité aux stratégies néanmoins très évolutives, Marie-Claude Bélis-Bergouignan, Gilles Bordenave et Yannick Lung (1994) montrent comment, pour une firme donnée, la globalisation menée à l’échelle planétaire apparaît comme une forme d’approfondissement de la mondialisation, mais pas comme la voie obligée des évolutions actuelles. D’autres stratégies, conduisant à une globalisation plutôt « régionale » (centrée sur les différents pôles de la « Triade »), sont mise en oeuvre par certains acteurs majeurs.

Un point important de ces analyses tient dans l’idée d’une intégration par les firmes des différents marchés sur lesquels elles opèrent. En effet, dans ces descriptions de la firme globale, l’intégration n’est pas seulement géographique (considérer ses débouchés dispersés comme un marché devant faire l’objet d’une offre globale), mais elle concerne plus fondamentalement la totalité du processus de production, dont l’efficacité est désormais appréciée globalement. Il s’agit bien d’un dépassement radical du paradigme fordiste-taylorien de l’organisation de la production.