Chapitre 8 : Les dynamiques multiples de l’espace productif

Si l’on admet la diversité des dynamiques à l’oeuvre, la figure spatiale qui se dessine fait apparaître plusieurs traits saillants qui correspondent à des dynamiques partiellement distinctes. Chacune d’elles peut être utilement précisée à partir des analyses théoriques qui cherchent à l’expliquer. On retiendra donc tout d’abord la dialectique concentration/diffusion. À travers l’évocation des modèles spatiaux récents issus de l’économie industrielle de Paul Krugman et Brian Arthur, puis, à l’encontre de la chronologie, celle de la théorie de l’espace économique et des pôles de croissance de François Perroux, on verra que les deux termes, loin de s’opposer systématiquement, peuvent aussi correspondre à des tendances simultanées, voire complémentaires. La logique de spécialisation est par nature très liée aux phénomènes de concentration. Les approches classiques et néo-classiques de la question, puis, à nouveau, celle développée par Paul Krugman autour des rendements croissants permettent d’en comprendre les ressorts, mais aussi les limites.

Concentration, diffusion et spécialisation trouvent finalement l’essentiel de leur dynamique dans le jeu du marché. Mais, des travaux sur les phénomènes de concentration/diffusion – de Paul Krugman à François Perroux – à ceux sur la spécialisation, on verra que s’affirme peu à peu la nécessité de ne pas s’en tenir qu’aux seules processus d’échange pour comprendre l’organisation spatiale des activités économiques. Une analyse économique pertinente de ces tendances implique également d’y intégrer des phénomènes hors marché et débouche assez naturellement sur la prise en compte de la dimension locale. Dans cette optique, les processus de territorialisation seront enfin abordés, tout d’abord à travers les travaux récents de « l’économie de la proximité », puis à travers ceux développés plus directement dans la lignée des districts marschalliens, en termes de « systèmes productifs locaux ». Les dimensions sociales, culturelles, historiques des organisations productives retrouveront, pas toujours sans contradiction, leur place dans des analyses dont on soulignera néanmoins les limites.