8.1 Concentration et diffusion

L’analyse des modalités de concentration et de diffusion des activités sur un territoire a donné lieu à plusieurs schémas explicatifs. Depuis le XIXè siècle, la question a été abordée suivant des points de vue très différents. Certains sont fondés plus ou moins explicitement sur la notion de rente foncière (von Thünen ou Hotteling par exemple), d’autres constituent une tentative d’explication des stratégies de localisation des entrepreneurs (c’est le cas de Weber, mais aussi de « l’atmosphère industrielle » marschallienne). Au delà, enfin, du constat géographique que constitue le schéma christallerien, celui-ci fonde la hiérarchie des villes sur l’étendue des aires de marché qu’elles peuvent capter au profit des activités économiques les moins bien réparties. À travers les hésitations propres à tout domaine de connaissance qui se construit, cette diversité est aussi la marque d’un objet qui ne laisse pas saisir de manière univoque. Elle ne se dément pas dans la période récente.

Les approches théoriques qui ont été retenues ici présentent le point commun de poser une interrogation sur la limite entre ce qui est interprétable en termes de jeux de marché et ce qui appelle d’autres considérations. C’est avec le double soucis de montrer leur pertinence et d’ouvrir ces questionnements que sont abordés les modèles de localisation de Paul Krugman et de Brian Arthur, la théorie de la polarisation de François Perroux et les approches menées en termes de spécialisation des espaces, de David Ricardo jusqu’à, de nouveau, Paul Krugman.