Les Systèmes Productifs Locaux : territoire cherche société

La réflexion sur les systèmes locaux de production ou d’innovation est antérieure aux travaux portant sur la proximité. Elle est plus large, se nourrit de nombreux courants de pensée de l’économie, de la sociologie et de la géographie. Elle a marqué, à travers la redécouverte du concept de district, l’apparition de préoccupations spatiales chez les économistes industriels et, à travers la notion de milieu innovateur, ‘« la prise de conscience de la dimension productive dans les facteurs de localisation spatiale’ » (Bellet et alii, 1992, introduction de André Torre, p. 112).

Dans un essai bibliographique, Bernard Ganne (1990) remonte quelques filiations. Il souligne par exemple que ce retour du local dans l’étude des systèmes industriels renoue d’une certaine façon avec la grande tradition régionaliste de la géographie française. Mais, en géographie comme en économie ou en sociologie, la période fordiste a été marquée par un effacement de ces préoccupations attachées à comprendre les spécificités de tel ou tel « terroir », de telle ou telle communauté : soit ces spécificités étaient jugées comme des survivances archaïques et sans avenir, soit encore l’intérêt que l’on pouvait y porter venait au détriment de la compréhension des grands déterminismes historiques et sociaux qui structuraient, entre autres, l’espace. Que l’on soit tenant du modernisme, structuraliste, ou les deux, le local était largement ignoré (142).

Peu à peu, « l’épuisement du fordisme », puis la crise elle-même allaient amener les problématiques vers des terrains plus concrets et plus précis. Dans le même temps, un certain éparpillement des grandes idéologies globalisantes permettait davantage aux chercheurs d’investir les échelles « micro- ». C’est dans ce contexte qu’à la fin des années 70 les analyses à caractère monographique se sont à nouveau multipliées, concernant des espaces dont on retenait les attributs spécifiques, concernant des types d’entreprises naguère moins dominants telles les PME, concernant des communautés dont on retenait la culture propre comme élément de leur efficacité productive.

Au carrefour de ces tendances, le concept de « district industriel » avancé en son temps par Alfred Marshall s’est trouvé revitalisé, dans une première étape à propos d’observations italiennes. Selon Giacomo Becattini (1992, p. 37), « ‘le district industriel est une entité socio-territoriale caractérisée par la présence active d’une communauté de personnes et d’une population d’entreprises dans un espace géographique et historique donné’ ». Il précise encore, concernant la communauté locale, que « ‘son trait le plus marquant est son système de valeur et de pensée relativement homogène, expression d’une certaine éthique du travail et de l’activité, de la famille, de la réciprocité, du changement, qui conditionne en quelque sorte les principaux aspects de la vie’ ». La population d’entreprises est quant à elle constituée de PME qui tendent chacune à se spécialiser sur un nombre réduit de fonctions au sein d’un processus de production propre au district. Les relations qui prévalent entre elles sont faites d’un « mélange de concurrence-émulation-coopération » reposant fondamentalement sur le mode de régulation sociale spécifique à la communauté.

Le concept de district industriel met donc en avant un type d’organisation dont la multiplicité des modes de coordination s’impose pour en saisir l’efficacité économique. à travers les exemples repérés dans la « troisième Italie » (celle du centre et du nord-est par rapport à la classique opposition entre la plaine du Pô et le Mezzogiorno), les déterminants sociaux, culturels et historiques sont très puissants. Les groupes sociaux observés constituent des communautés de longue tradition dont la cohésion est vivace et repérable. Lors des tentatives menées pour mettre en évidence des organisations semblables hors de la péninsule, les archétypes d’Émilie ou de Toscane sont cependant apparus spécifiques d’un contexte dans lequel les sociétés locales ont toujours bénéficié d’une relative autonomie par rapport au pouvoir économique ou politique central. La transposition par-delà les Alpes du concept a nécessité son adaptation et son assouplissement.

En France en particulier, on a bien sûr commencé par chercher les cas de figure se rapprochant le plus des exemples italiens. Le Choletais, ses traditions conservatrices et l’industrie de la chaussure, Oyonnax, sa culture socialiste-libertaire et la plasturgie, la vallée de l’Arve, son ambiance besogneuse et l’activité de décolletage, ... la liste des « vrais » districts industriels qui a pu être dressée est restée limitée. Bernard Ganne, dans sa bibliographie, insiste nettement sur le brouillage qu’introduit la traduction en français des districts italiens. Il note que les systèmes d’industrialisation diffuse les plus anciens présentaient déjà une forte diversité dans notre pays. Ils remettent en particulier en cause l’hypothèse – présente dans le modèle théorique initial – d’une homogénéité des tissus économiques et sociaux locaux. Et de conclure pour l’exemple français que « ‘quoi qu’il en soit, on remarque combien [...] les phénomènes d’industrialisation diffuse se révèlent somme toute limités et restreints...’ » (p. 30).

Partant de ce constat, les recherches ont évolué pour tenter de repérer d’autres formes d’industrialisation reposant toujours sur des modes de coordination articulant concurrence et coopération, mais plus représentatives des réalités économiques de la France. Le glissement s’est opéré suivant deux directions. On s’est d’une part intéressé davantage aux activités de haute technologie qu’aux industries plus traditionnelles de la chaussure, la confection ou la céramique qui constituent l’essentiel de l’archétype italien. D’autre part, l’exigence d’une forte relation entre le système d’entreprise et une communauté très homogène et porteuse d’une culture et de règles de sociabilité particulières portée par le modèle initial a été considérablement assouplie.

Les systèmes productifs localisés (SPL) – mais on parle aussi de systèmes locaux d’innovation par exemple – sont les constructions théoriques venues prolonger le concept de district. Ils en conservent un certain nombre des caractéristiques. Claude Courlet (1994) note ainsi que perdurent l’importance du « ‘rôle des PME et de leur coopération dans un cadre territorial donné, l’importance des effets de proximité et du contexte socioculturel local’ ». Cela dit, les études de cas réalisées concernent très souvent des ensembles nettement dominés par de grands groupes et de grandes institutions de recherches publiques ou para-publiques au sein d’agglomérations importantes. Les exemples toulousains (aéronautique) et grenoblois (nucléaire, électromécanique, électronique, informatique), qui sont les plus cités, sont de ce point de vue éloquents. L’importance du rôle des PME, bien qu’encore affirmée, est donc très nuancée.

De même, la représentation du contexte socioculturel local sur laquelle s’appuie la construction des SPL est largement allégée. La culture à laquelle on peut faire référence est une culture de cadres, d’ingénieurs, éventuellement une culture scientifique. Elle ne présente pas de caractère spécifique notable qui permette de distinguer nettement les populations de telle ou telle zone. Michel Grossetti, dans une analyse de l’insertion locale des chercheurs ou d’ingénieurs des principaux pôles scientifiques français (reposant essentiellement sur le cas de Toulouse) note ainsi que cette « ‘population [...] ne présente pas de grande surprise par rapport à ce que l’on sait de ces populations en général’ » (Grossetti, 1995, en particulier les chapitres V et VI.). On retrouve, sans particularité, les modes de vie caractéristiques des individus à haut niveau socioculturel, ainsi que des itinéraires professionnels assez classiques (formation en grande école ou universitaire, tendance à changer d’emploi, voire d’employeur, plus marquée dans le secteur privé). La seule spécificité est, parmi les cadres de niveau bac+4 minimum, une proportion de locaux (originaires de la région Midi-Pyrénées) relativement importante : 28% si l’on se réfère au lieu de naissance, 48% si l’on se réfère au lieu principal des études supérieures (143). Ces derniers chiffres, pris comme une mesure de l’ancrage local individuel, mettent bien en lumière un écart significatif avec d’autres technopoles. L’intensité de cet ancrage apparaît néanmoins très partiel en volume. Il n’est également pas exempt d’ambiguïté d’interprétation par rapport par exemple à l’insertion dans un milieu professionnel auquel les études supérieures donnent accès et dont la dimension territoriale n’est peut-être pas première.

L’histoire dans laquelle s’enracinerait la culture productive locale apparaît quant à elle relativement récente et repose sur des dynamiques en grande partie extérieures aux territoires considérés. La préhistoire du pôle aéronautique toulousain remonte par exemple à la première guerre mondiale, lorsqu’un industriel spécialisé dans la construction ferroviaire a décroché une importante commande d’avion, principalement, semble-t-il, en raison de l’éloignement de ses usines du front. La concentration d’activités s’est principalement constituée à partir des années 60, sous l’influence exogène du mouvement de déconcentration parisienne (144). Le décollage industriel est quant à lui daté du début de la décennie 80 par Michel Grossetti (1995, pp. 134-135). La constitution du pôle industriel et scientifique grenoblois, dans une ville jusque là spécialisée dans la confection et le commerce du gant (Fontaine, 1984) et les fonctions officielles, est un peu plus ancienne puisqu’elle remonte à l’exploitation de la houille blanche, à partir de 1870 environ (145). Malgré quelques aventures industrielles privées importantes dans la papeterie ou l’électromécanique, elle fait également une très large place aux implantations ex nihilo maîtrisées par l’état, liées au nucléaire ou à la recherche (146). Jacques Champ et Nicole Rousier (1997, pp. 39-40) confirment d’ailleurs que perdure l’importance particulière de la part des emplois publics de l’enseignement supérieur et de la recherche dans l’agglomération.

Il demeure essentiellement du modèle initial un système de coordination des activités à la fois économique et politique, reposant pour partie sur un ensemble de relations informelles, pour une autre partie sur des processus d’apprentissage de longue durée (147). Les communautés sociales et territoriales cohérentes observées en Italie apparaissent donc partiellement vidées de leur contenu dans d’autres contextes. En conséquence, on a cherché à redéfinir ce tissu social plus lâche qui constitue les SPL. On a ainsi avancé, à partir d’une filiation moins directement issue de celle du district marschallien, la notion de milieu, en particulier de milieu innovateur, ainsi que celle de réseau. Ces appellations différentes et les représentations distinctes qu’elles peuvent porter témoignent de cet effort visant à rendre compte de constructions sociales moins englobantes que les archétypes italiens. Il demeure de ces avancées l’idée d’une communauté moins spécifique, moins omniprésente dans l’activité humaine d’un espace donné (148).

Des districts italiens aux SPL à la française, on retrouve donc grosso modo les mêmes éléments constitutifs, mais toujours assouplis et allégés quant à leur contenu. à l’issue de ce processus systématique d’adaptation du concept initial aux réalités de notre pays, il est logique que la notion de territoire se trouve elle-même affectée. On conserve en effet l’idée d’un territoire à la fois ressource pour le système productif étudié et également construit par les acteurs de ce système productif (149). En revanche, ce territoire est limité, mité. Il ne concerne, par exemple, que les éléments liés à l’activité économique, même si celle-ci doit être comprise dans une large acception et inclure l’entretien des réseaux de relations plus ou moins formels qui peuvent être mobilisés le cas échéant, ou le fonctionnement de certaines institutions. Ce territoire des SPL laisse dans l’ombre de larges pans de la vie sociale. C’est un territoire qui, pour le moins, ne recouvre complètement ni l’espace, ni la société qui le constituent.

Le territoire défini en observant les SPL est donc incomplet. Ces lacunes sont pourtant porteuses de significations. Elles montrent en particulier le caractère partiel de l’ancrage territorial des firmes qui constituent un SPL. Les nombreuses études de cas de la littérature ne rendent en effet jamais compte de situations de parfaite autarcie, ni économique, ni relationnelle ou sociale. En articulant des logiques industrielles, territoriales et de groupe (Dupuy et Gilly, 1995), les stratégies d’entreprises mêlent au contraire des processus situés sans ambiguïté au sein de l’espace géographique du SPL considéré et d’autres qui ne sont pas construits sur des relations de proximité et ont une inscription géographique plus large. Il y a donc vraisemblablement lieu de distinguer des degrés concernant la spatialisation, et partant la territorialisation, de systèmes productifs qui sont donc plus ou moins localisés.

Dans cet esprit, plusieurs tentatives peuvent d’ailleurs être mentionnées. Denis Maillat, par exemple, propose de distinguer un « indicateur d’apprentissage » relevant la capacité d’innovation d’un tissu industriel d’une part et un « indicateur d’organisation » rapportant le degré de constitution en milieu (on pourrait dire de territorialisation) du tissu considéré d’autre part (Maillat, 1995, p. 226). D’une manière différente, Jacques Perrat (1993) met clairement en évidence des comportements très différenciés dans le rapport des entreprises au territoire et à ses ressources : du « prédateur » qui puise dans son environnement sans participer à la création d’externalités localisées à l’entreprise à fort ancrage local, impliquée dans une sorte de « mise en culture » à travers un processus de « production-reproduction », tout est possible.

Ces mesures statiques du « degré d’ancrage territorial » présentent l’inconvénient de paraître opposer l’ancrage local et l’ouverture vers l’extérieur. Cette apparence résulte en partie de l’absence d’un point de vue dynamique, qui intégrerait un processus de structuration inscrit dans la durée. Roberto Camagni, (1991) dans une telle tentative, souligne ainsi l’interdépendance croissante des milieux innovateurs par-delà les différences de localisation. Mais plus fondamentalement, cette opposition du local et du global est une contradiction congénitale d’approches finalement très normatives du territoire qui tendent à chercher les dynamiques essentielles des organisations productives qu’elles observent au sein de leur espace de proximité immédiate (Amin et Thrift, 1993 ; Benko, 1996). Les travaux menés autour des notions de milieux d’innovation et plus encore de réseaux innovateurs ont su les premiers apporter des éléments de réponse à cette critique en décrivant ces formes d’organisation non pas comme une réponse à la dispersion des localisations, mais plutôt comme une modalité d’insertion dans des réseaux globaux. Ce faisant, ils produisent à nouveau une représentation nuancée du fait local (Castells, 1996, p. 443). En revanche, comme le note Rallet (1993), ils continuent de poser comme un a priori le fondement spatial des synergies à l’oeuvre dans les processus d’innovation, et plus largement, de production.

L’ensemble de ces travaux, ayant comme finalité de révéler le rôle essentiel du territoire dans les processus de coordination économique, conduit paradoxalement à nuancer une vision par trop exclusive selon laquelle le territoire local serait le système social porteur de la totalité des processus producteurs de l’innovation. En ce sens, il mène à une conclusion plutôt contraire à l’objectif que s’étaient initialement assigné leurs auteurs. La perte de substance qui s’opère lorsque l’on passe des districts italiens aux SPL français traduit justement la pertinence d’une réalité sociale des organisations productives, même innovantes, qui dépasse de manière significative le cadre du territoire local.

Les approches territoriales envisagées ici présentent quoi qu’il en soit l’avantage de mettre en évidence le rôle essentiel des structures et des relations sociales pour saisir le fonctionnement des organisations productives. La coordination de l’activité des différents acteurs qui y participent mobilise, pour que se réalisent les transferts d’informations qu’elle implique, des modes variés d’interactions entre individus ou organisations. L’inscription de ces interactions dans un territoire identifiable n’est que l’une modalité possible de leur intervention. Ce n’est pas la seule même si elle est essentielle.

Il faut une telle vision nuancée du fait territorial afin de donner vraiment au social toute l’importance qui lui revient. Elle permet de réintégrer à l’analyse les multiples réseaux sociaux qui ne fonctionnent pas sur la base d’une proximité géographique toujours prégnante dans la notion de territoire. Chacun connaît l’importance des milieux professionnels, des réseaux d’anciens de telle ou telle institution (il peut s’agir d’anciens élèves d’une grande école, mais tout aussi bien des anciens de la France Libre par exemple comme en témoigne entre autres François Jacob dans son autobiographie (150) ). Les situations présentées par Alain Tarrius (1992) des diasporas juives, italiennes ou nord-africaines en Europe occidentale sont à la fois moins souvent évoquées et plus radicales. Elles constituent pourtant l’illustration parfaite de milieux innovants (151) dont la territorialité est par nature diffuse, ambiguë, « ‘circulatoire, et [...] échappe aux pouvoirs institués’ ». Que l’on ne s’y trompe pas, en levant l’impératif spatial qu’imposent les analyses territoriales, on sauvegarde néanmoins l’essentiel de leurs conclusions : la régulation des systèmes productifs est plus que jamais un processus social.

Il reste alors à s’interroger sur la signification de cet intérêt persistant pour le territoire et le fait local puisqu’il paraît aujourd’hui gêner la complète reconnaissance de formes de coordination non-économiques dans le processus productif. En fait, le renouveau du concept de district a été, dans la période récente, l’un des moments importants de l’ouverture de l’économie vers les faits sociaux. Ce qu’il demeure de mécanique dans la prise en compte de l’espace – et qui vient peut-être actuellement freiner cette évolution – ne doit tout d’abord pas occulter cette réalité.

Cependant, comme y insiste Xavier Piolle (1991), la science régionale ne s’élabore pas en dehors des mouvements de la société. Il avance que les difficultés de ces dernières décennies – la crise –, concurremment à l’essoufflement des grandes idéologies, ont indéniablement fait évoluer les représentations collectives de l’espace. Il met alors en exergue une vision idéalisée du territoire comme creuset de fortes solidarités sociales. Cette vision, largement partagée par les chercheurs en sciences sociales, imprègne beaucoup de discours et conduit peut-être à « ‘localiser le social, à enraciner dans des lieux relation et identité plus qu’à comprendre, dans leur vraisemblable complexité, les multiples dimensions spatiales du lien social’ » (p. 351).

On peut articuler cette tendance avec une autre, complémentaire, qui procède d’un phénomène d’instrumentalisation de l’espace. à travers la prise en compte du local, il s’agirait alors de répondre aux difficultés économiques et de mettre de nouvelles ressources à disposition des entreprises, du développement ou de la création d’emplois. Il s’agirait aussi d’offrir aux élus l’espace de jeux, au plan de l’action économique et territoriale notamment, à la mesure des stratégies – parfois analysées en termes « d’entrepreneuriat politique » (Jouve et Lefèvre, 1999) – que l’affirmation des gouvernances locales et la décentralisation leur permettent. Il s’agirait enfin d’être en mesure de mieux répondre aux réalités d’un environnement plus concurrentiel, dont la concurrence des territoires est désormais partie intégrante.

Notes
142.

()011La difficulté, pour l’économie et la sociologie, à prendre en compte la réalité matérielle – dont l’espace est une composante essentielle – est plus profonde et dépasse le cadre historique ou idéologique de la période fordiste. Elle tient en partie au dessein largement universel que se sont donné ces deux disciplines. Concernant la sociologie, on peut par exemple se reporter à Poche (1996), et pour l’économie, à Dockès, (1969).

143.

()011Michel de Bernardy (1997, p. 158) avance des chiffres de même nature sur la provenance et la localisation des débouchés des étudiants des écoles d’ingénieurs grenobloises : grosso modo, un quart vient de la région Rhône-Alpes, un quart y trouve son premier emploi.

144.

()011Entre autres histoires de l’industrie aéronautique toulousaine, on pourra se reporter à (Sfez, Cauquelin et Bailleux, 1976). Cette analyse a par ailleurs été reprise en annexes de Critique de la décision afin d’illustrer la « méthode du surcode » proposée par Lucien Sfez (1981).

145.

()011Michel de Bernardy (1997, p. 156-7) invoque plus que ne démontre une historicité plus profonde de la spécialisation grenobloise dans les production à haute valeur ajoutée. Il la fonde sur le relief, source d’opiniâtreté et de gestion parcimonieuse des ressources, sur une philosophie “plus perfectionniste qu’expansionniste” et sur la proximité entre une élite intellectuelle, que n’est pas venue concurrencer une bourgeoisie commerçante ou financière, et le milieu de entrepreneurs. Comme le note l’auteur lui-même, le premier élément n’est en rien spécifique du Chef-lieu de l’Isère. Les deux derniers, pour avérés qu’ils soient, ne concernent que l’histoire industrielle, donc plutôt récente de l’agglomération.

146.

()011Concernant les centres d’innovation essentiels de l’industrie électronique et informatique – Silicon Valley en Californie, la ’route 128’ près de Boston, etc. – Manuel Castells (1996, pp. 440-441) souligne également l’impulsion à chaque fois déterminante de la puissance publique à travers les universités et les contrats de défense notamment.

147.

()011Cette multiplicité des modes de coordination est pour partie soulignée par Jean-Pierre Gilly et Michel Grossetti (1993) lorsqu’ils fondent les « systèmes locaux d’innovation » à la fois sur des relations inter-individuelles et des relations entre organisations.

148.

()011Pour une présentation des principales conclusions issues des travaux du GREMI (Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs) et des perspectives récentes, voir Maillat ( 1995), Lecoq (1995) et le numéro récent de la Revue d’économie Régionale et Urbaine (1999).

149.

()011Cette idée d’un territoire construit est déjà fortement énoncée par Alfred Marshall (Gaffard et Romani, 1990). Elle trouve aujourd’hui des prolongements, notamment à travers la distinction opérée parmi les facteurs territoriaux entre ressources et actifs d’une part et leur caractère générique ou spécifique d’autre part (Colletis et Pecqueur, 1993).

150.

()011François Jacob, 1990, La statue intérieure, Le seuil.

151.

()011Innovants d’un point de vue social d’abord, mais aussi dans leurs pratiques professionnelles. Si besoin était de se convaincre que de l’aéronautique toulousaine aux commerçants de Belsunce, le quartier « exotique » de Marseille, en passant par les financiers juifs, il s’agit toujours du même objet, on pourrait se référer à Richard Gordon (1989) qui souligne fortement le caractère indissociable de l’innovation technologique et de l’innovation sociale.