Demande de déplacements à grande vitesse, espace métropolitain et espace banal

Le chapitre cinq, a déjà permis de mettre à jour quelques uns des liens qui insèrent la grande vitesse ferroviaire dans le processus plus général de globalisation. Il a été l’occasion de présenter et d’utiliser la notion de travail métropolitain proposée par les géographes de l’équipe Strates (1989). Cette notion, qui est une sorte de déclinaison opérationnelle de celle de secteur quaternaire (Gottmann, 1961), a servi à illustrer, au sein de la demande de déplacement à grande vitesse, le renouvellement des inégalités sociales inhérent à la globalisation.

Mais pour Félix Damette et ses collègues, cette notion a par essence une dimension spatiale affirmée puisqu’elle est définie sur la base du référent spatial parisien. C’est sur ce fondement que, dans son Atlas La France en villes, il a choisi de qualifier de métropoles sept agglomérations de Province. Aussi est-il intéressant d’observer si le poids du travail métropolitain dans les flux de voyageurs circulant à grande vitesse est spatialement différencié et si ces différences sont cohérentes avec la structure urbaine analyser par Félix Damette.

Pour l’occasion, il est encore une fois possible de s’appuyer sur l’enquête TGV-Atlantique que le Laboratoire d’économie des Transports a réalisée en 1989 et 1993 sur l’ensemble des liaisons concernées par cette nouvelle desserte. Cette enquête a déjà été l’objet d’un encadré de présentation dans le chapitre deux et d’un encadré spécifique, consacré à la possibilité de repérer le « travail métropolitain » au sein de l’échantillon observé dans le chapitre quatre. On peut néanmoins rappeler qu’il s’agit d’une enquête menée auprès de voyageurs au cours de leur déplacement dans l’un des trois modes en présence : voiture sur autoroute, avion ou train (principalement TGV en 1993). On se focalise ici sur les individus voyageant en semaine pour motif professionnel uniquement. Les caractéristiques relevées permettent de déterminer pour l’essentiel des voyageurs si leur activité professionnelle ressortit du travail métropolitain ou non.