Au-delà d’un bilan strictement utilitaire

L’objectif de cette thèse n’a jamais été de fournir une grille d’analyse prête à l’emploi pour servir à l’évaluation de projet de transport. Il s’est agi, au contraire, de se libérer de préoccupations trop immédiates pour envisager la technologie ferroviaire à grande vitesse avec recul. Il semble en effet que la pression opérationnelle ne soit pas pour rien dans la difficulté que rencontre le milieu de la socio-économie des transports à adopter des représentations de la relation transport-espace moins empreintes de déterminisme. Au moment du bilan de cette recherche, il convenait donc de conserver cette distance avec les préoccupations de court terme et de ne pas s’en tenir à un regard fonctionnaliste. Une perspective moins directement utilitaire amène à envisager ces neuf chapitres à travers au moins deux aspects différents.

Le premier consiste à prendre la problématique générale, qui appelle à élargir l’analyse des interactions entre une technologie de transport et la société, comme un simple prétexte. L’insertion du TGV dans son époque est l’occasion de mobiliser des analyses globales, de les reformuler, de les appliquer au contexte plutôt étroit des déplacements à grande vitesse. L’idée est que ces jeux de rétroaction entre différents niveaux d’analyse puissent trouver leur place dans un processus d’enrichissement des analyses de phénomènes de société. Un second aspect important découle de cette posture. En effet, la rencontre d’analyses globales et de la question plus limitée du TGV dans son époque permet également de confronter des approches dont l’objectif est par nature la compréhension du monde à des pratiques plus opératoires, plus proches du terrain.