2.7. Situation financière, rentabilité et autofinancement : un mythe ou une réalité ?

Bien privée du problème principal des entreprises communales ukrainiennes – l’endettement des consommateurs, - les sociétés de transports ne sont pas mieux placées pour des problèmes plus communs (le manque de financement pour les investissements) ainsi que pour ceux plus spécifiques (le remboursement des privilèges et les fraudes). Malheureusement, en introduisant des privilèges, les pouvoirs publics n’examinent pas le mécanisme de leur remboursement par des moyens budgétaires. Ils ne peuvent prévoir non plus les conséquences négatives pour le transport public. C’est pourquoi les pertes ne sont pas souvent couvertes par les subventions et ces dernières sont presque toujours inférieures aux sommes planifiées.

Les revenus des sociétés de transport collectif public sont composées de trois sources principales : les recettes, les subventions budgétaires et diverses recettes annexes (la publicité dans le matériel roulant, le bail des locaux disponibles, l’activité commerciale, etc.). La troisième source est souvent négligeable pour le transport de surface (moins de 1 %), mais elle est relativement importante pour le métro (à Kharkov près de 10 %). Le graphique suivant montre les proportions entre les recettes et les subventions pour la société du transport électrique de surface de Kharkov . 29

Graphique 2.5 : Ratio "Subventions / Recettes" dans les transports collectifs (tramways, trolleybus)
Graphique 2.5 : Ratio "Subventions / Recettes" dans les transports collectifs (tramways, trolleybus)

L’on peut bien voir le changement de la politique du "tout subventions" vers celle du "tout recettes" durant la seconde moitié des années 90. Certains dépôts ont terminé l'année 1999 sans pertes (ils n’incluent pas les dépenses pour l’énergie électrique, qui sont généralisées). Ils n'ont pas reçu de subvention.

Prenant en considération le nombre d’usagers des transports collectifs dans les villes ukrainiennes, la possibilité de couverture des coûts de fonctionnement et même de légers investissements par des recettes ne semble plus irréalisable. Une part d’optimisme porte sur la tendance positive de réduction des privilèges et surtout sur le potentiel des recettes fraudées. Pour cela il faudra effectuer un gros travail de perfectionnement du mécanisme de paiement des déplacements. Mais il faut être très prudent par rapport aux tarifs, dont l’augmentation peut entraîner les tendances négatives. La rentabilité du service des transports collectifs publics en Ukraine est évidente jusqu’au moment où un seul concurrent véritable – l’automobile – commencera à prendre réellement une part de plus en plus importante dans le marché des déplacements urbains. Mais on sera alors dans une autre échelle de mesures à prendre en faveur des transports collectifs.

Concernant des investissements lourds, la domination des moyens budgétaires semble indiscutable pour les prochaines années.

Notes
29.

Source : Rapports annuels de la Société de Transport Electrique de Kharkov.